Politiques de santé

Le "numéro un" des herbicides sur la sellette

1 min.
© Andia Reporters
© Andia Reporters
Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

Le printemps pointe son nez et le Roundup© est toujours en vente libre dans les jardineries. Un problème ? Il faut croire que oui, puisque cet herbicide à base de glyphosate fait l'objet d'une bataille à haut niveau, inhabituelle dans le monde des experts de la santé.

Pour le Circ, une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le glyphosate est un cancérogène probable, susceptible d'entraîner certaines formes de lymphomes (atteintes du système immunitaire). L'Autorité européenne pour la sécurité des aliments (Efsa), elle, estime cette hypothèse improbable…

Pour le Circ, le glyphosate est un cancérogène probable, susceptible d'entraîner des atteintes au système immunitaire…

Pour y voir plus clair, il faut d'abord savoir que le glyphosate est un véritable poids lourd commercial et économique dans le monde, notamment dans son association étroite avec les OGM. Par ailleurs, l'OMS et l'Efsa se sont prononcées sur des matières différentes. L'OMS a analysé le glyphosate tel qu'il est vendu, c'est-à-dire en association avec d'autres agents chimiques destinés à faciliter son utilisation (par les professionnels comme les jardiniers amateurs). L'Efsa, elle, s'est limitée à la matière dite "active", pure.

Parlementaires, ministres et société civile (1,5 millions de signatures) ont dénoncé les conditions peu transparentes de l'examen pratiqué par cette dernière, notamment l'absence de garantie quant aux conflits d'intérêts potentiels des experts consultés. Des toxicologues, cancérologues et épidémiologistes les ont rejoints.

Face à ce tir de barrage, le renouvellement de l'agrément pour la mise sur le marché du glyphosate a été reporté de quelques semaines par les autorités européennes. En Belgique, c'est encore un peu plus compliqué : le niveau fédéral est en faveur du renouvellement, la Wallonie et Bruxelles sont contre…

Globalement, l'enjeu dépasse le Roundup© (vendu par Monsanto) et même la santé. Le glyphosate, en effet, est présent dans des dizaines d'applications commerciales. Si celles-ci sont à nouveau autorisées pour quinze ans, c'est un coup de poignard pour une nouvelle génération d'agriculteurs et de maraîchers, tentés par le "zéro pesticide". Sur leurs champs, ceux de leurs voisins et… dans l'environnement.