Médias

Ça se passe en Flandre

2 min.
L’équipe de daardaar.be exprime sa gratitude suite à la récolte de fonds.
L’équipe de daardaar.be exprime sa gratitude suite à la récolte de fonds.
Estelle Toscanucci

Estelle Toscanucci

Une énorme frustration. C’est le point de départ de la création de DaarDaar.be. David Charlier et Vincent Laborderie étaient alors étudiants en sciences politiques. "Nous étions passionnés de politique belge et très étonnés de ne pas avoir facilement accès à l’actualité du nord du pays via les médias francophones, explique David Charlier. Et quand l’info était traitée, nous étions abasourdis par la manière dont, parfois, elle pouvait être bâclée. On se souvient d’un article paru sur le site web d’un quotidien francophone et con sacré à la sortie du film de Steven Spielberg sur Tintin. La publication évoquait un article de Het Laatste Nieuws dans lequel le journaliste expliquait le manque de succès du film en Flandre par le titre jugé trop francophone. Nous avons pris la peine d’acheter Het Laatste Nieuws et avons lu le papier. Le journaliste parlait d’un titre peu attrayant mais, en aucun cas, il n’émettait l’hypothèse qu’il était trop francophone ."

Il suffit de traduire !

De la frustration nait l’envie. Celle de traduire en français des articles parus dans la presse flamande. Et la conviction que le véritable obstacle n’est pas le désintérêt mais la méconnaissance de la langue. "Avec Joyce Azar, nous avons ainsi décidé de traduire des articles issus de la presse numérique et papier. Le succès a été immédiat", enchaîne David. DaarDaar.be était né.

Aujourd’hui, huit bénévoles s’y investissent au quotidien. "Chaque jour, nous épluchons la presse francophone et néerlandophone et faisons une sélection d’articles qui nous semblent intéressants à traduire. Nous sommes attentifs à répercuter différentes opinions et tendances. Nous faisons ensuite appel à un traducteur professionnel."

De Wever aux deux visages

Comment se fait le choix des sujets ? "Nous essayons de privilégier les sujets qui sont très peu traités par les quotidiens du sud du pays, ou ceux qui sont envisagés d’un point vue très différent. Par exemple, l’affaire Eandis (Ndlr : la prise de participation d’une entreprise d’État chinoise au capital du gestionnaire des réseaux d’électricité et de gaz de la plupart des communes flamandes) a fait un scandale en Flandre. Chez nous, on en parle à peine."

Outre l’implication des bénévoles, DaarDaar.be a pu voir le jour grâce à quelques subventions et au système du crowdfunding. Les donateurs ont permis à l’équipe de récolter près de 17.000 euros. Et daardaar.be peut s’enorgueillir de plus de 430.000 vues depuis sa création, il y a un an et demi.

"Un récent article sur la situation au Burundi analysée par un spécialiste de l’Afrique de la VRT a suscité beaucoup d’intérêt. Celui consacré à la participation de Raoul Hedebouw à l’émission De slimste mens aussi."

Et tout article consacré à Bart De Wever, le président de la NV-A, engendre de nombreux "clics". Selon l’équipe de DaarDaar.be, il y a deux Bart De Wever, celui raconté par la Flandre et celui présenté par les francophones. "En Wallonie et à Bruxelles, on a un peu l’impression que la N-VA a surgi de nulle de part. Certains francophones semblent aussi étonnés que De Wever ne soit pas complètement obsédé par le séparatisme. En Flandre, c’est un fait avéré", estime David Charlier.

L’ignorance peut engendrer la confusion. DaarDaar.be est un outil parmi d’autres pour sortir un peu du brouillard communautaire.

Pour en savoir plus ...

>> Plus d'infos: www.daardaar.be