Trois visages de la protection sociale

Vu de Belgique, on a parfois tendance à oublier que 50 % de la population mondiale ne dispose d'aucune protection sociale. Cela signifie que ces personnes sont, par exemple, dans l'incapacité d'acheter des médicaments, qu'elles sont privées de ressources en cas de perte de travail, ou encore qu'elles ne disposent pas d'une pension alors qu'elles ont travaillé toute leur vie.

Le plus paradoxal est que beaucoup de pays, au Nord, détricotent leurs systèmes de protection sociale, alors qu'au Sud, des gouvernements les mettent en place avec fierté. Là-bas, ces systèmes sont vus comme des investissements permettant à la fois le dynamisme économique et la réponse aux besoins sociaux des populations.

Ce paradoxe a poussé le CNCD 11.11.11, coupole d'ONG, avec des partenaires mutualistes et syndicaux, à réaliser un documentaire accessible de 26 minutes. Intitulé "Providence, notre protection sociale en jeu", celui-ci nous promène dans trois pays – la Belgique, la Bolivie et le Sénégal – à travers le bref portrait de trois habitants confrontés à la perte du travail, un problème de santé ou l'approche de la retraite.

On y découvre, notamment, comment l'État sénégalais s'est investi récemment dans l'accès aux soins de santé de sa population et l'État bolivien, dans la création d'une "pension dignité" accessible à tous. Comparaison n'est, évidemment, pas raison. Mais on reste frappé par l'attitude européenne (et, singulièrement, celle de la Belgique) rivée à un discours sur la compétitivité des entreprises, alors que 1.000 milliards d'euros annuels pourraient être détournés de l'évasion fiscale dans l'Union au profit du maintien et de l'extension de la protection sociale.

Ce documentaire fait partie d'une mallette pédagogique mise à la disposition de tout groupe d'adultes ou de jeunes (à partir de 15 ans) souhaitant s'initier à la protection sociale. Un jeu permet de mettre ce programme en œuvre dans les écoles, les maisons de quartier, les associations, les mouvements de jeunesse, etc.