Arts

Le son au secours du climat

2 min.
(c) Axel Merlin
(c) Axel Merlin
Soraya Soussi

Soraya Soussi

Entendez-vous sa voix ? À la fois puissant et étouffé, le chant du glacier résonne sous les terres immaculées. Par les sons de leurs profondes fissures et ceux du craquement de la surface enneigée, les géants de glace rugissent et nous avertissent de leur fonte… Des sons percutants enregistrés sur la base scientifique Ny Ålesund, au Svalbard, archipel de la Norvège par une équipe hors du commun : Ugo Nanni, chercheur polaire et Clovis Tisserant, ingénieur du son. La troisième membre de cette équipe insolite n'est autre que la soeur du chercheur, Amélia Nanni, artiste bruxelloise. De leur collaboration nait "Noise variation", un voyage au coeur de l'Arctique, un documentaire sonore mais aussi une expérience humaine et scientifique inédite que les protagonistes partageront avec le public afin de raconter ce qu'il se passe là-haut, dans le "Grand Nord".

Écouter pour être sensibilisé

"Les chiffres sur l’urgence climatique, nous les avons. Les images aussi. La peur et l'angoisse qui les accompagnent peuvent donner un sentiment d’impuissance à certains d’entre nous, observe Marianne Binard, co-fondatrice de la Semaine du son. Le son a cette faculté de transcender l'esprit par l'imaginaire et ainsi atteindre les sensibilités de chacun et chacune. Un moyen qui, nous l'espérons, pourrait susciter l’envie de changer certaines habitudes de vie néfastes pour l’environnement et notre propre santé." À l'école, dans les espaces publics ou privés, notre monde regorge de sons et de bruits qui en disent long sur la santé de notre environnement.

En ville, le klaxonnement des voitures a remplacé le chant des oiseaux. Des artistes enregistrent l’évolution sonore d’un lieu sur plusieurs années pour observer la triste disparition de certaines espèces d’oiseaux en milieu urbain. "Nous avons également pour mission en tant qu'évènement reconnu par l'Unesco de sensibiliser à la santé auditive." De nombreuses personnes souffrent en effet de problèmes d'acouphènes. 14 à 16 % de la population mondiale en est atteinte à des degrés divers, selon l'Aviq (1). Des conférences, des ateliers ou encore des concerts à des niveaux de décibels plus faibles (à 90dB ou moins) ont donc été pensés pour interpeller le public sur ces questions.

Son et décroissance

Gratuite, accessible à toutes et tous, la Semaine du son se veut vectrice de valeurs anticonsuméristes. La programmation fait appel à des artistes tels que Max Vandervorst, compositeur, musicien et  inventeur d'instruments fabriqués avec des matériaux de récupération. L’événement est aussi l’occasion de valoriser la créativité des nouvelles générations avec, notamment, la présentation d'amplificateurs de son pour smartphone faits de bois et réalisés par des étudiants d'une école de menuiserie.

Accueillie dans des lieux culturels prestigieux, la Semaine du son souhaite également emmener son public là où il ne se rend habituellement pas et créer la rencontre entre les artistes et leurs "nouveaux publics".  "Cela permet de démystifier certains lieux culturels inabordables d'ordinaires pour certaines personnes", se félicite l’organisatrice de l’événement. L’objectif de l'évènement est aussi de susciter la discussion collective. "L'idée est clairement d'encourager les initiatives collectives, le faire-ensemble pour casser la dynamique individualiste de nos sociétés, car c'est collectivement que nous pourrons répondre aux attentes environnementales et climatiques", conclut Marianne Binard.

En pratique

La Semaine du son aura lieu à Bruxelles du 22 au 28 janvier 2024 et en Flandre et en Wallonie du 29 janvier au 4 février 2024. Plus de renseignements sur lasemaineduson.be.