Expositions

Un petit béguinage en excellent état

2 min.
© Jonathan Ortegat - Erasmus House and Beguinage museums
© Jonathan Ortegat - Erasmus House and Beguinage museums
Sandrine Cosentino

Sandrine Cosentino

Pour y accéder, il faut emprunter un petit chemin en pavé qui contourne les bâtiments. En entrant dans la cour, on se retrouve face à un puits du 18e siècle et un châtaignier, avec une vue sur la collégiale Saints-Pierre-et-Guidon. De part et d'autre, deux bâtiments peints en blanc attendent les visiteurs. "Nous pouvons admirer aujourd'hui un ensemble datant essentiellement du 18e siècle en brique et en pierre", commente Paulo Charruadas, archéologue à urban.brussels et à l'ULB. Pour connaitre les secrets de ce béguinage, il faut entrer dans l'aile droite. "Le béguinage a été créé en 1252, raconte l'historien. Mais on ne sait pas exactement où les béguines vivaient car la maison a disparu. Au milieu du 15e siècle, ce bâtiment de droite a été construit en pans de bois (colombages) et on peut encore observer une partie de cette ossature en bois." Les scientifiques ont pu déterminer qu'il s'agissait de poutres en frêne et en merisier provenant du verger des béguines, datées entre 1435 et 1460.

À l'époque médiévale, ce type de construction était extrêmement banal. "Il y avait des centaines de béguinages dans le nord de la France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne, relate Paulo Charruadas. Mais la grande majorité a disparu. Par un concours de circonstances assez favorables, on a conservé ce béguinage en excellent état, avec des archives extrêmement complètes et des comptes de construction." Ce qui rend cet ensemble architectural si remarquable aujourd'hui.

Le béguinage a connu plusieurs phases de transformations au 18e siècle. L'aile gauche est alors construite. "Les murs extérieurs de l'aile droite en pans de bois vont être remplacés par de la brique et de la pierre, précise l'archéologue. Les colombages intérieurs vont par contre être conservés. Les photos de la fin du 19e siècle montrent également que le béguinage était de couleur blanche." Lors de la rénovation de 2013, il est alors décidé de redonner aux murs extérieurs cette couleur grâce à une technique typiquement belge basée sur de la peinture à la chaux : le chaulage. Ce procédé a également permis de protéger les briques d'époque.

En retournant dans la cour par laquelle on est entré, on aperçoit la rue en contrebas. "La rue du Chapelain a été décaissée à la fin du 19e siècle, affirme Paulo Charruadas. Le niveau de sol primitif était au niveau de la cour du béguinage et d'une des portes de l'église juste en face. Les béguines entraient et sortaient par un portail construit dans les années 1630, en vis-à-vis d’un portail de l'église, ce qui leur permettait d'aller directement aux offices."

En 1797, sous l'occupation française, le béguinage fut fermé et les bâtiments ont été utilisés comme hospice pour femmes indigentes. Un peu plus de 130 ans plus tard, le lieu, en état de délabrement, fut sauvé par un érudit local, Daniel Van Damme. Une nouvelle scénographie muséale se prépare pour 2024 et mettra en avant l'histoire du lieu.

>> Plus d'infos : 02 521 13 83 • erasmushouse.museum • Adresse : rue du Chapelain 8 à 1070 Anderlecht • Visites : ouvert au public chaque 1er dimanche du mois (le 2 avril, le 7 mai, le 4 juin, le 2 juillet, le 6 août) • gratuit et sans réservation • visite libre de 10h à 17h • visite guidée à 14h