Droits des patients

Regards orientés sur nos systèmes économiques

4 min.
Catherine Daloze, Nicolas Roelens, Philippe Lamotte

Catherine Daloze, Nicolas Roelens, Philippe Lamotte

Décrypter l'économie en BD

Dette, monnaie, austérité, relance... Pas facile de se plonger dans cette actualité tant sa compréhension semble réservée à quelques initiés. Rendre l’économie moins austère et un peu plus amusante, c’est justement l’objectif que s’est fixé l’Américain Michael Goodwin en publiant Economix, la première histoire de l’économie en BD.

Si la crise grecque n’y est pas abordée puisque l’ouvrage s’achève peu après la crise financière mondiale de 2008, on y retrouve par contre un brillant décryptage de trois siècles de pratiques économiques. Des mercantilistes aux néoclassiques en passant par Adam Smith, Thomas Malthus, David Ricardo et Karl Marx, le propos est passionnant, très pédagogique et souvent drôle.

Economix met en scène l’auteur luimême qui affirme avec beaucoup de justesse : "Nous avons trop longtemps laissé les autres comprendre l’histoire de l’économie pour nous : c’est pour que cela que nous sommes dans cette panade". Sans véritable parti pris, Michael Goodwin se place tout de même dans une perspective plutôt progressiste.

Le seul regret que l’on peut formuler à l’ouvrage réside dans sa vision forcément très américaine de l’économie. On y parle ainsi plus de Wall Street que de zone euro. Mais cela ne gâche rien au plaisir de s’approprier, avec une certaine légèreté, des concepts que l’on croyait inaccessibles.

//NICOLAS ROELENS

Pour une stratégie de communication offensive

Dans leurs combats sociaux et environnementaux, les individus et les associations commettent souvent une erreur grossière. Ils estiment en effet que la justesse de leur cause suffira à faire fléchir l'adversaire ou, en tout cas, à convaincre les indifférents. Du coup, sous prétexte de man que de temps ou de moyens, ils négligent la communication ou ne s'y engagent qu'à reculons, la rabaissant au niveau d'une vulgaire propagande.

Pourtant, au cours des dernières années, le champ des contestations a connu des modifications majeures : aggravation de la situation sociale et environnementale, explosion des informations disponibles, sentiment de méfiance généralisée, montée en puissance des réseaux sociaux et libéralisation des médias. Ne pas en tenir comp te et se passer d’une véritable stratégie de communication, c’est aller droit dans le mur. Les auteurs plaident donc pour une stratégie de communication offensive.

Dans une première partie, ils détaillent les fondamentaux de cette approche. Ils passent en revue les atouts et inconvénients des outils de "com" les plus classiques (recours à la presse) ou des plus innovants : flash mobs, vidéos virales, activisme actionnarial, etc. Ils mettent ensuite leur théorie à l'épreuve de dix luttes très diverses : Larzac, obsolescence programmée, prisonniers politiques, vêtements propres, médicaments génériques, droit au logement, etc.

Suivent les interviews de quel ques meneurs. Cet aller-retour permanent entre théorie et pratique, enrichi de regards extérieurs, oxygénera sans aucun doute militants et activistes de tout poil.

//PHL

La patate en Picardie

Dans les champs, les usines, les friteries ou les restaurants…, le Ciep-Moc de Wallonie Picarde est allé à la rencontre des travailleurs de la filière "pommes de terre". La production est importante dans la région, et le secteur se montre dynamique. Malgré la diversification des habitudes alimentaires, le Belge reste un grand consommateur de patates – cuites, en purée, rissolées ou frites. La pomme de terre prend le chemin de nos assiettes en moyenne 3,5 fois par semaine.

Comment sont-elles cultivées ? À quels défis font face les agriculteurs du secteur qui ne fait pas partie de la politique agricole européenne ? Comment est-on passé d'un prix d'a chat aux producteurs de 125 euros/tonne en 2013 à 15 euros en 2014 ? Comment fonctionnent les Clarebout, Lutosa, Mydibel et autres Roger& Roger, ces entreprises de transformations de la pomme de terre, présentes dans la région ? Comment l'interdiction aux écoles et maisons de repos d'éplucher elles-mêmes leurs pommes de terre a-t-elle influencé le travail de petites entreprises familiales ?

Voilà entre autres ce que l'on découvre en feuilletant Les Wallons Picards ont la patate!? Regards sur le monde du travail à travers une production locale: la pomme de terre.

Franceline, Rosa, Agria, Charlotte... et la fameuse Bintje occupent une large superficie de la Belgique (3%). La patate semble se trouver bien sous nos latitudes : climat tempéré, frais avec des pluies régulières, relief adapté, terres légères et fertiles. Mais croissance et compétitivité rôdent dans le secteur. Les défis sont de taille pour maintenir la qualité de l'emploi, la coopération, la complémentarité des acteurs, l'inclusion et la solidarité.

//CD

Le pouvoir de changer le monde

Le diagnostic que pose Rob Hopkins dans Ils changent le monde ! n’a rien de totalement inédit. Comme lui, un nombre grandissant d’acteurs de nos sociétés s’accorde en effet sur les limites de la croissance et sur la finitude des ressources de la planète. C’est par contre du côté de la nature des solutions qu’il préconise que se situe la singularité de son approche.

À nos crises économiques, sociales et écologiques, Rob Hopkins ne répond ni par les théories basées sur l’austérité ni par celles qui reposent sur la croissance économique. Il parie plutôt sur la résilience locale comme moteur du développement économique. "C’est l’idée qu’en reprenant en main la satisfaction de nos besoins fondamentaux au niveau local, nous pouvons faire s’épanouir une nouvelle activité économique tout en réduisant notre dépendance au pétrole et nos émissions de carbone, et en ramenant le pouvoir au niveau local".

Le niveau local est vu comme une échelle intermédiaire nécessaire à la "transition" : le chaînon manquant entre les petits gestes que nous pouvons faire en tant qu’individus et ce qui relève des élus et des institutions. Outre ces aspects théoriques, l’intérêt de l’ouvrage réside aussi dans la description de ces nombreuses initiatives qui prolifèrent un peu partout sur la planète : une coopérative d’énergies renouvelables au Japon après Fukushima, la création d’une monnaie locale à Bristol, des Repair’Cafés à Paris, un supermarché coopératif de produits locaux en Espagne...

Selon l’auteur, pour que ces actions locales aient un impact à grande échelle, il est nécessaire qu’elles aient des outils, une vision, un réseau et du soutien. En cela, cet ouvrage est une invitation à l’action.

//NICOLAS ROELENS