Médias

Un usage responsable de l'Internet

Que l'on ait 7 ou 77 ans, Internet fait aujourd'hui incontestablement partie du quotidien. Se renseigner sur un horaire de train, réserver des vacances, entretenir du lien amical, partager des données personnelles, consommer de la musique ou du cinéma... Les usages sont multiples et nécessitent que chaque acte posé sur la Toile le soit en toute connaissance de cause. Anne-Claire Orban est formatrice à l'ASBL Média animation (1). Elle revient sur quelques règles de base et l'état d'esprit de l'internaute afin d'en profiter pleinement et sereinement.

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© Philippe Turpin Belpress
© Philippe Turpin Belpress
Estelle Toscanucci

Estelle Toscanucci

En Marche : Internet, cette Toile de tous les dangers… Vous prônez plus de nuances, et préférez parler de surf en toute responsabilité plutôt qu'en toute sécurité.
Anne-Claire Orban : Il ne faut pas se barrer la route ! Internet est un merveilleux terrain d'exploration. Et explorer comporte parfois des risques. Quand on en est conscient, on agit en fonction. Et, finalement, agir sur Internet, c'est comme agir dans la vie quotidienne. Il s'agit aussi d'une question d'intuition. Il y a des choses qu'on ne fait pas dans "la vraie vie", pourquoi agir autrement sur la Toile ? Les règles de notre vie "de tous les jours" font écho sur Internet. Dans la rue, on ne va pas donner son numéro de carte de crédit au premier venu. Lorsqu'on croise un service qui nous demande notre numéro de compte, il faut bien comprendre quel usage ce service va en faire et dans quel environnement on se trouve.

EM : le point névralgique est donc de savoir où on est sur le Net. Comment y voir clair ?
ACO : Lorsque vous rencontrez une personne pour la première fois, vous lui posez, de manière naturelle, tout une série de questions de manière à mieux la connaître. Faites la même chose avec les sites que vous consultez ! Quel est ce réseau social ? Comment fonctionne ce site de partage de documents ? Quels sont ses intentions envers moi ? Observez, regardez comment les autres utilisateurs interagissent, et décidez ensuite de ce que vous avez envie de faire et de communiquer sur cet espace. Cela se joue aussi dans les discussions offline. On peut parfois penser que ce qu'on fait sur le Net n'existe que sur le Net. C'est faux ! Les mondes réel et virtuel sont perméables à n'en plus finir. Il ne faut pas les voir de façon distincte. Par contre, ils ont des logiques différentes. Et il faut comprendre les logiques de chacun.

© Philippe Turpin Belpress

EM : Des exemples ?
ACO : Sur les réseaux sociaux, il ne faut pas hésiter à bien utiliser les paramètres qui permettent de constituer des listes de contacts. Cela donne la possibilité de décider : qui a accès à quoi sur le profil ? Il est également très utile de vérifier régulièrement que les règles et les paramètres de confidentialité de son propre compte n'ont pas changé. Il suffit parfois d'utiliser une nouvelle application pour que ces paramètres soient modifiés. Concernant le téléchargement, outre l'aspect juridique, il ne faut pas oublier que l'on télécharge sur la machine une boîte noire avec un ensemble de contenus, dont certains ne sont pas désirés (publicités, images, virus…). Toutes ces boîtes noires ne sont pas mauvaises, loin de là, mais il faut être conscient des risques. Et, également, ne pas oublier qui est le cerveau.

EM : Vous abordez ici le rapport à la machine.
ACO : C'est un problème qui ne concerne pas les plus jeunes d'entre nous. Par contre, certains seniors ont tendance à penser qu'ils ne sont pas maîtres de leur ordinateur. Une illustration : les mises à jour des logiciels. Elles nous sont proposées régulièrement. Les mises à jour techniques sont intéressantes pour éviter l'obsolescence du logiciel. Mais il y a également de nombreuses mises à jour commerciales qui, elles, ne sont pas nécessaires. Libre aux utilisateurs de faire leur choix. Et, surtout, il ne faut pas céder à la tentation de l'immédiateté et interrompre toute activité pour gérer ces mises à jour. Un autre point d'attention est la configuration de la messagerie, parfois déléguée aux enfants ou aux petits enfants. L'option de connexion automatique est souvent choisie pour faciliter l'utilisation. Et, quand il y a un changement de machine, l'utilisateur est perdu car il n'a plus conscience qu'avoir accès à la messagerie nécessite un identifiant et un mot de passe. Il faut être en mesure de refaire les manœuvres et d'en comprendre les logiques. Et puis, il est important de retenir ses mots de passe. Pour rester sur la maîtrise d'où on est et de comment on y est arrivé.

EM : On en revient finalement à nos pratiques et réflexes quotidiens… 

ACO : Le message essentiel, c'est qu'il ne faut pas être tout le temps sur ses gardes. Il faut prendre plaisir à exploiter les nombreuses possibilités qu'offre le Net. J'invite à explorer pour comprendre et ainsi éviter d'avoir l'impression d'être un mouton qui suit une procédure. J'encourage également à continuer à douter, à s'interroger et à dialoguer avant d'agir si l'on se sent perdu.

Derniers conseils, pour la route

• Lorsque vous n'utilisez plus certains services en ligne, supprimez vos comptes d'utilisateurs ;
• Effacez bien vos données lorsque vous remplacez votre machine ou votre smartphone ;
• Il est préférable de réencoder vos données bancaires chaque fois que vous effectuez un paiement en ligne plutôt que de les enregistrer de manière automatique ;
• Évitez de consulter vos comptes bancaires ou d'effectuer des paiements lorsque vous utilisez un wi-fi partagé, par exemple dans un lieu public ;
• N'oubliez pas que les règles d'achats sont liées aux droits des consommateurs. Ces droits sont aussi valables sur le Net. Sur un site de vente en ligne, vous devez pouvoir repérer facilement un service à la clientèle et des données de contact concrètes.

Tout le monde tout nu

Un titre accrocheur pour une nouvelle campagne de la Ligue des droits de l'Homme autour de la thématique du droit à la vie privée. Nous laissons des traces. Partout, tout le temps. Aujourd'hui, notre ordinateur et notre smartphone savent tout de nous. Nos loisirs, nos centres d'intérêts, notre localisation… Bien souvent ces informations sont consciemment fournies par les internautes eux-mêmes, mais ceux-ci n'ont que peu de prises sur l'utilisation de ces données. Des données qui ont une valeur commerciale précieuse pour les sociétés de marketing. À côté de cette exploitation, il y a également la question de l'utilisation de ces données par les autorités. L'après 11 septembre 2001 a changé la donne. Sous prétexte du "tout à la sécurité", les informations contenues par nos compagnons technologiques sont analysées et parfois exploitées. Quitte à surfer avec l'abus de pouvoir et au détriment du droit fondamental à la vie privée. Et de se poser la question : le citoyen doit-il accepter la violation de la vie privée pour être mieux protégé ? Pour y voir plus clair, la Ligue des droits de l'Homme, propose, toute cette année, des conférences, des expos, des débats, en Wallonie et à Bruxelles.
Plus d'infos : www.laliguedh.be • 02/ 209.62.80

À Tournai, les aînés surfent couverts

Paypal, digipass, paiement sans contact, fishing, malware… La vingtaine de participants à la conférence sur les paiements électroniques organisée par Énéo (mouvement social des aînés, partenaire de la Mutualité chrétienne) n'a pas besoin de glossaire.

Jongler avec les paiements électroniques, ces "50 +" en ont l'habitude, par contrainte ou par facilité. Ce qu'ils sont venus chercher ici, ce sont des conseils, des astuces, pour apaiser leurs craintes. Et des explications très pratiques sur "comment faire mieux". Certains veulent également y voir plus clair : "On entend tellement de choses aujourd'hui, notamment via les médias." Des références aux médias, il n'en manque pas dans le corps même de la conférence. Lucien, le formateur, est de la même génération que son public, il capte l'attention en évoquant des reportages diffusés dans des émissions de protection des consommateurs bien connues du public présent ou des séries télévisées de type Les Experts, dans lesquelles les héros doivent parfois faire face à du piratage informatique. Il explique comment établir le contact avec les banques, car ces nouvelles pratiques de paiement en ligne amènent de nouveaux rapports avec le personnel bancaire. Il attire l'attention sur le prix des virements papiers (entre 0,5 euros et 6 euros par virement, selon la banque), et sur les alternatives de paiement. Le message de Lucien est également un message de responsabilisation, car, selon lui, le principal danger lorsqu'on effectue des paiements en ligne, c'est nous-mêmes ! Il conseille d'acheter un câble Internet ("le même prix qu'un kilo de sucre") et de le préférer au wi-fi lorsqu'il s'agit d'effectuer des opérations financières en ligne, il encourage à bien regarder les démos présentes sur les sites des principales banques. Le discours ne manque pas d'humour et passe bien. Ici, l'angoisse et la panique ne se lisent pas sur les visages. Par contre, la satisfaction est bien visible après les 2h30 de présentation. Et, comme le souligne un participant, retraité du secteur bancaire : "Quand on est connecté, on est fragile et vulnérable. Il faut être bien outillé et bien informé."
Plus infos sur toutes les activités d'Énéo sur www.eneo.be • 02/246.46.73

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