Editos

Santé mentale : enjeu du collectif 
 

3 min.
La nouvelle convention Inami permet l'accès à des groupes de paroles (c) photo adobestock
La nouvelle convention Inami permet l'accès à des groupes de paroles (c) photo adobestock
Elisabeth Degryse

Elisabeth Degryse

Ces dernières années, plusieurs signaux nous alertent sur l'augmentation de la détresse psychique au niveau de la population belge. Entre 2016 et 2020, le nombre de personnes souffrant de burnouts ou de dépressions qui sont reconnues en invalidité a augmenté de presque 40 %. Au total, une personne sur quatre est en invalidité de travail (incapacité de plus d’un an) à cause d’un trouble mental.

Autre indicateur qui ne trompe pas, les demandes pour des consultations explosent. Le secteur de la santé mentale sature. Un rapport récent publié par la Ligue bruxelloise de santé mentale évoque par exemple que 30% des nouvelles demandes de soins ont été réorientées en raison du manque de places dans les services de santé mentale (SSM). La situation est également critique dans le domaine de la pédopsychiatrie où le manque de lits hospitaliers est régulièrement dénoncé. 

Les confinements successifs, l’incertitude face à l’avenir et les difficultés financières ont mis la santé mentale à rude épreuve.

La crise sanitaire a amplifié les difficultés préexistantes, surtout pour les plus vulnérables d’entre nous. Les confinements successifs, l’incertitude face à l’avenir et les difficultés financières ont mis la santé mentale à rude épreuve. Dans sa dernière enquête, Sciensano montre que si la prévalence des troubles anxieux et dépressifs s’est améliorée par rapport à cet hiver, elle reste très élevée au regard du niveau précédant la pandémie (19% et 16% en mars 2022 contre 11% et 9,5% en 2018). Mesurer l'impact de cette longue crise sur la santé mentale à long terme reste compliqué, mais il est certain que les conséquences prendront encore du temps à être résorbées.  La population du sud du pays a également subi des événements très difficiles lors de l’été 2021 avec les inondations. Ici aussi, il faudra du temps pour permettre aux victimes de se rétablir et de retrouver un sentiment de sécurité.

La santé mentale, enfin investie

Depuis la crise du Covid, les pouvoirs publics ont pris de nombreuses initiatives dans le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie. Il y a eu par exemple, du renfort pour les équipes mobiles psychiatriques, des engagements de professionnels dans les SSM, les maisons de repos, des moyens augmentés pour la prévention du suicide, etc.

Fin 2020, un protocole d'accord entre le Gouvernement fédéral, les Régions et les Communautés a été signé et 112,5 millions d'euros ont été ajoutés au budget déjà disponible de 39,3 millions pour la santé mentale ambulatoire (hors hospitalisation). Depuis cet accord, une convention a été signée avec l’Inami. Elle permet aux adultes comme aux enfants qui en ont besoin d’accéder à un certain nombre de séances psychologiques individuelles ou en groupe pour un prix accessible.

Bien que nous regrettions une certaine lenteur dans l'exécution de ce nouveau modèle de soins "de première ligne" en santé mentale, nous saluons à la fois l'investissement conséquent, mais aussi la vision de santé publique que cette convention défend. 

La santé mentale n'est pas que l'affaire des psys, nous avons tous un rôle à jouer dans le soutien de nos proches, amis, collègues, voisins

Cette nouvelle convention permet non seulement une meilleure accessibilité financière aux séances de psychothérapie, mais aussi un meilleur accès physique, puisque les psychologues peuvent se déplacer au domicile des personnes vulnérables ou proposer des séances en visio-conférence. Elle met l’accent sur le collectif en permettant l’accès à des séances de travail thérapeutique en groupe.  Enfin, l'organisation de ces soins est coordonnée par les réseaux de santé mentale existants et s'implémente avec des partenariats locaux et multidisciplinaires, ce qui permet une meilleure orientation des personnes et une approche préventive au sein de la communauté.  

Accessibilité, partenariat, collectif, sont autant d’ingrédients indispensables à nos yeux pour affronter les défis qui se posent à nous en termes de santé mentale … La MC a d’ailleurs saisi l’opportunité de cette nouvelle convention pour mettre en place des groupes thérapeutiques dédiés au burnout. Ce projet pilote, mené par notre CMS du Brabant wallon en partenariat avec le réseau 107, vient de démarrer. L’objectif est d’utiliser la force du groupe comme levier pour se dépasser, mais aussi pour tisser de potentiels liens soutenant. 

Cette nouvelle convention est l'occasion d'une vraie réforme dans le domaine des soins de santé mentale.  Nous espérons à présent que ce déploiement s'active et s'articule au mieux avec tous les acteurs de la première ligne de soin de santé. Nous souhaitons aussi une meilleure lisibilité de l'offre, une orientation plus efficace vers les soins appropriés et une accessibilité améliorée.  La santé mentale doit continuer à être investie, il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine. 

Rappelons aussi que la santé mentale n'est pas que l'affaire des psychologues ou des psychiatres, nous avons tous un rôle à jouer dans le soutien de nos proches, amis, collègues, voisins. La solidarité et le lien social sont des éléments essentiels au bien-être de tous!

Remboursements psy

Plus d’informations sur les différents remboursements possibles des consultations psychologiques sur le site de la MC