Editos

Une rentrée sous le signe de la transition 

4 min.
Elisabeth Degryse

Elisabeth Degryse

La voilà donc arrivée cette rentrée tant attendue. Ce mois de septembre qu’on imaginait encore, il y a quelques mois, comme le début de la suite, ce moment où petit à petit nous reprendrions nos vies “ normales ” sans pour autant que ce soit nos vies “ d’avant ”. Ce mois de septembre où nous aurions pu un peu baisser la garde face au virus et nous préoccuper d’autres enjeux : l’environnement, le budget de l’État, les défis en matière de santé… 

Et puis voilà, entre les inondations et les incendies, les vacances n’ont pas été  celles que nous avions imaginées…  Tant de rappels à l’ordre - comme l'a déjà fait le coronavirus - que notre mode de vie d’avant est définitivement révolu et qu’il est urgent de construire un monde d’après résolument différent. Et maintenant !  

Les priorités de la rentrée sont claires : plus que jamais il faut remettre au cœur de nos actions la transition et une vision intégrative des différentes composantes qui la constituent à savoir le social, l’économique, l’environnement et la santé publique. 

Comme nous le défendions déjà lors de l'adoption du plan pour la relance de la Belgique (Lire édito du 22 janvier 2021), la MC sera attentive à ce que la manne financière provenant de l'Europe ne fasse la part belle à la construction et aux investissements purs et durs. Ce "plan pour la reprise et la résilience"  doit placer l’humain au centre en soutenant des projets qui créent du lien, renforcent la proximité, soutiennent la consommation locale et la mobilité douce, s’inscrivent dans la durabilité et favorisent la santé… 

Vivre autrement

La page de la crise sanitaire n’est pas tournée. Et le "ouf" de soulagement lié à la vaccination reste fragile. "Durant les semaines qui viennent, le nombre d'infections va recommencer à monter et des classes d'école vont de nouveau devoir fermer. Et ce, bien plus souvent à Bruxelles qu'ailleurs, car une couverture vaccinale plus faible freine de façon moins efficace la propagation du virus", twittait le virologue Emmanuel André il y a quelques jours. 

Il va falloir apprendre à vivre autrement et il y a urgence à réfléchir à cet autrement : Faut-il repenser notre manière de concevoir des festivals ? Prévoir systématiquement des entractes lors des spectacles ? Revoir les horaires dans les écoles pour ajouter des intercours extérieurs ?  Mettre en place une démocratie sanitaire avec des gestes barrières permanentes ? Etc. 

Plus largement, il est grand temps de (re)penser notre manière de vivre à la lumière de ce que nous traversons depuis un an et demi. Et cette réflexion doit porter loin… Revoir notre rapport à la liberté fera aussi sans doute partie  des défis au travers desquels il faudra passer, comme le résumait très bien la philosophe  Florence Caeymaex au micro de la Première (RTBF) : "il est essentiel de resignifier des termes comme liberté, parce qu’on n’évitera pas la question des nouvelles contraintes. La situation écologique et climatique va demander des arbitrages. Ce n'est pas possible de réduire les émissions de CO2 si nous continuons à considérer que la liberté c’est d’aller voir un maximum de pays, plusieurs fois par an.”

L’urgence climatique est plus tangible que jamais. Comme le martèle le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) dans son 6e rapport sorti avec grand bruit en août, la fréquence et la gravité des phénomènes climatiques extrêmes augmentent plus vite que prévu, et la responsabilité humaine est indiscutable. La violence des inondations chez nous et dans les pays voisins sonne comme un ultime avertissement ! Et il faudra une sacrée dose de courage collectif et politique pour enfin prendre à bras le corps de vraies mesures fortes qui nous permettront de changer de cap et d’assurer la transition que nous évoquions plus haut. 

Il nous faudra aussi identifier ensemble les impacts de ces changements climatiques sur la santé. D’une part, en termes systémiques : Comment faire pour que le “ monde d’après ” renforce la santé de tous et pas uniquement celle des plus nantis ? D’autre part, sur la gestion du système de soins de santé : comment anticiper les maladies et les soucis de santé liés aux changements climatiques ?

Depuis quelques mois les mutualités ont rejoint la Coalition climat afin de peser sur ces enjeux et d’interagir avec les acteurs de l’environnement de manière efficace. Cela fait aussi  des années que la MC met sur le haut de la pile l’importance de tenir compte de la santé dans toutes les politiques. L’importance des déterminants de la santé sur la qualité de la santé physique et mentale de chacun. L’importance d’envisager la santé de manière beaucoup plus large englobant la qualité de vie, le réseau social, l’impact dans la société, le sentiment de bien-être…  

La situation extrêmement difficile à plus d’un égard dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui est en même temps une opportunité gigantesque pour changer de paradigme dans notre société et au niveau de la gestion des soins de santé. Et c’est déjà, quelque part, ce qui a été fait par nos gouvernements durant le confinement et la première partie de la gestion de la crise : placer la santé publique en priorité devant les enjeux économiques ! 

À nous de transformer l’essai et d’en faire une articulation forte de cette transition fondamentale,  tant comme mouvement social, dans nos investissements sur le terrain et dans le rôle que nous pouvons jouer à un niveau sociétal, que comme co-gestionnaire de l’assurance soins de santé et indemnités…  À l’heure où les budgets se négocient à l’inami pour l’année 2022, la MC est évidemment en tête pour faire percoler une nouvelle manière de voir les choses. La rentrée s’annonce donc chargée, mais remplie de défis que nous devons saisir ensemble! En avant !