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Après l'orage

Après l'orage

L’urgence de la crise passée, la rentrée doit permettre de se concentrer sur les enjeux à long terme. La santé mentale et la santé publique doivent être au centre des priorités.


C’est la rentrée. Les vendeurs rangent les soldes, les jeunes ont retrouvé le chemin de l’école et les employeurs leurs habitudes de travail… Pourtant, rien n’est tout à fait normal et ne sera peut-être plus jamais comme avant. Le virus court toujours, il va falloir apprendre à vivre avec. Il faudra faire preuve de résilience au niveau individuel et collectif, trouver un équilibre juste entre bienveillance et vigilance. Tout en préservant le capital social qui a été durement mis à mal. 

Car en cette rentrée particulière les défis sont nombreux, le Covid a laissé des traces. La crise appelle à une réactivité dans la prise de décision, et c’est normal. Mais, que ce soit à l’Inami, l’aviq ou Iriscare, il faut à présent sortir de la gestion d’urgence et se donner les moyens d’analyser ensemble ce qui a bien ou moins bien fonctionné et se donner une réelle perspective, ensemble.

L’exercice budgétaire que nous entamons maintenant sera une belle occasion de faire revivre cette concertation et devrait permettre aux acteurs de se mettre d’accord sur un budget 2021. Trop souvent, ces dernières années, on a vu le gouvernement fédéral s’asseoir sur la concertation au moment de voter les budgets des soins de santé. Les prestataires de soins, les mutuelles, les syndicats, le banc patronal non-marchand, les représentants des usagers et de leurs proches, et les pouvoirs publics doivent prendre le temps tous ensemble de tirer les leçons de la crise et se donner les moyens pour développer des solutions pérennes. 

Après six mois dans la tempête, il est temps de construire les digues qui nous protégeront de nouvelles vagues. Nous ne pouvons pas nous contenter de vivre avec le virus, nous devons être plus ambitieux. Nos structures de soins de santé ont permis à la Belgique d’encaisser en partie le tsunami sanitaire. Mais la crise a révélé le manque cruel d’une politique de santé publique. Avant de soigner, il convient de prévenir. Soit, investir dans la communication, l’éducation, renforcer la première ligne et la coordination entre les acteurs de la santé, porter une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, comme les personnes âgées ou isolées...

Le secteur de la santé mentale, relaie la presse, signale déjà une augmentation du nombre de patients pris en charge en raison du Covid. En 2008, la crise économique avait fortement érodé le bien-être et la santé mentale des citoyens. En 2018, 33% des Belges déclaraient vivre un mal-être psychique contre un quart en 2011, relève l’étude sur la santé des Belges réalisés par Sciensano bien avant que le Covid ne passe par là. Or le confinement et la mise en place des gestes barrières dans un climat anxiogène ont profondément entamé les relations sociales. Et nous n’en mesurons pas encore tous les effets sur notre psychisme. La réponse à la crise ne pourra, dès lors, pas se contenter de plans de relance économique, c’est aussi d’un véritable plan pour la santé mentale au regard de la crise dont il faudra se doter.   

En tant que Vice-présidente prenant mes fonctions, je suis consciente que cette rentrée sera aussi particulière pour la MC. Lutter pour des soins de santé accessibles, pour une sécurité sociale renforcée et comprise par tous, réduire les inégalités et garantir une place digne à chacun dans la société sont plus que jamais des combats d’actualité pour notre organisation. Autant de défis que je m’engage à relever avec toute mon énergie, pour vous, et avec vous.