Retour à Éditos

Après les écoliers, les ministres font leur rentrée

Après les écoliers, les ministres font leur rentrée © M. Detiffe

Après les écoliers, les ministres font leur rentrée. Fumée blanche dans les Régions wallonne et bruxelloise. Un accord de gouvernement a été finalisé pour les cinq années à venir. Les déclarations de politiques régionales (DPR) fraichement sorties de presse, les gouvernements vont se mettre au travail. L’occasion pour la Mutualité chrétienne de faire le point sur ses grandes priorités et l’écho qu’elles ont reçu ou non dans les deux DPR.


Enfin une place pour les aidants proches

Le combat pour les droits des aidants proches est un des chevaux de bataille de la MC. Le 25 mai dernier, nous apportions une pétition sur la table de la ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique, Maggie De Block, rassemblant pas moins de 35.000 signatures (1). Une loi fédérale, votée le 25 avril, reconnaît aux aidants proches un statut. Mais on attend toujours les arrêtés d’application pour que cette première avancée ne se limite pas à un effet d’annonce. La MC continuera à maintenir la pression pendant cette législature. 

En attendant, nous nous réjouissons de constater qu’aux niveaux régional et communautaire aussi, les responsables politiques semblent conscients de la nécessité de soutenir ces familles - conjoints, frères, sœurs, parents, enfants – qui doivent accompagner la maladie de leur proche au détriment parfois de leur propre santé. Que ce soit au travers du développement d’offres de répit, d’un soutien professionnel accru, le renforcement d’une information de qualité (notamment sur leurs droits ou les possibilités d’accompagnement), le soutien aux aidants proches trouve une place parmi les priorités des prochains gouvernements.

Le vieillissement de la population pris en compte…

C’est un des plus grands défis des années à venir. Nous le répétons à l’envi depuis de nombreuses années: à Bruxelles comme en Région wallonne, la population ne rajeunit pas ! Il est temps pour les gouvernements de proposer des réponses structurelles.

Pour les maisons de repos (MR) et les maisons de repos et de soins (MRS), les deux Régions se font fortes de vouloir travailler à une meilleure qualité de l’accueil, de l’encadrement, et d’imposer plus de transparence sur les tarifs réclamés aux résidents. Les nouveaux gouvernements entendent aussi freiner la marchandisation de ce secteur. Ils poursuivront le rééquilibrage entre les secteurs public et non marchand d’une part et le secteur privé commercial d’autre part. Enfin, un accent important est mis sur la diversité de l’offre et son augmentation. La MC s’en réjouit.

MAIS…

La grande absente des deux DPR pour répondre aux enjeux du vieillissement de la population, c’est évidemment l’assurance autonomie.

Ni à Bruxelles, ni en Région wallonne le dispositif que nous soutenions n’est repris. Pendant la campagne électorale, la majorité des partis francophones en avait pourtant fait la promotion dans leurs programmes…

Aujourd’hui, la Région wallonne entend refinancer les services d’aide et de soins à domicile. Bruxelles souhaite garantir "une offre de services accessibles" afin d’accompagner la perte de l’autonomie. C’est un minimum !

Mais quelle occasion manquée, particulièrement pour la Région wallonne. Le projet d’assurance autonomie qui était sur la table en fin de législature proposait un refinancement massif pour le secteur et ouvrait un véritable droit à l’aide à domicile pour les personnes en perte d’autonomie. L’offre de services devait s’adapter aux besoins de la population. Sans assurance autonomie, c’est malheureusement la demande qui devra s’adapter à l’offre. Les files d’attente risquent de s’allonger et le financement des services sera bien plus dépendant des arbitrages budgétaires. Le secteur commercial s’en réjouit déjà …

Prévention et promotion de la santé, grandes oubliées ? 

On ne peut pas prétendre cela. Que ce soit en Région wallonne ou à Bruxelles, le pilotage et la mise en œuvre de plans opérationnels sont à l’ordre du jour. Ces plans devraient, nous l’espérons, garantir une meilleure prise en compte des différents facteurs déterminants de la santé : pauvreté, environnement, logement, emploi… Néanmoins, nous regrettons que l’ensemble des orientations politiques dans ces différents domaines ne soient pas évaluées en fonction de l’impact qu’elles peuvent avoir sur la santé. Plutôt que d’intégrer les enjeux de santé de façon transversale dans les politiques d’emploi, de logement, de lutte contre la pauvreté, etc., les gouvernements agiront une fois de plus en aval. Quitte à ce que la prévention serve in fine à gérer l’impact de leurs propres décisions politiques sur la santé de la population… Le principe de "health in all policies" que nous soutenions comme beaucoup d’autres acteurs de la santé est évacué.

Nous veillerons à tout le moins à la mise en œuvre concrète des plans élaborés par les gouvernements, un financement suffisant et une concertation réelle des mutualités.

Pour que les aidants proches bénéficient enfin d’un réel soutien, que les aînés aient accès à des maisons de repos de qualité,  que le refinancement des services d’aide et de soins à domicile soit plus qu’une mesure cosmétique… Pour relever ces importants défis et tous les autres non évoqués (santé mentale, gestion paritaire, première ligne de soins, etc.), les gouvernements wallons et bruxellois ont beaucoup de travail en perspective… et la MC aussi. Nous veillerons, dans l’ensemble des dossiers qui seront pilotés par le gouvernement, à faire entendre notre voix et nos positions.