Retour à Éditos

Des briques pour casser les murs

Des briques pour casser les murs ©M. Detiffe

À la MC, le lien social entre les générations fait partie des fondations de notre projet de société. Ce qui se traduit notamment et concrètement par la participation de notre mutualité à des projets d’habitats innovants.


Ce premier octobre s’achève la “semaine de l’intergénération”, portée par l’Asbl Entr’Ages, pour valoriser les initiatives qui tissent des liens entre les générations et contribuent à lutter contre les stéréotypes liés à l’âge. Quel étrange calendrier que celui des “journées de”… Entre les thématiques phares (journée mondiale de lutte contre la pauvreté, pour les droits des femmes, etc.), la sensibilisation à des maladies parfois rares, les invitations à l’action (journée des donneurs de sang, etc.) ou les initiatives plus surprenantes (journée des poissons migrateurs…), il n’est pas rare que plusieurs bonnes causes doivent se partager une même date ! Ces évènements n’en restent pas moins pertinents pour attirer l’attention médiatique sur des réalités parfois négligées. Ils sont aussi nécessaires pour créer de la participation et du débat citoyen.
Ironie du sort, la journée de la solidarité entre les générations que l’on “célèbre” cet automne devait initialement se tenir au printemps, en plein pendant le confinement imposant de tenir nos distances vis-à-vis de nos aînés. La crise sanitaire nous rappelant au passage, et avec beaucoup de cruauté, l’urgence de développer des alternatives pour lutter contre l’isolement des personnes âgées.

Reconstruire du vivre ensemble

Hier ou avant-hier, dans nos villages, nos quartiers, nos rues en ville, les habitants vivaient dans la proximité. On connaissait son voisin, son boulanger, son facteur. On croisait les jeunes du quartier, rêveurs ou solidaires, souvent bruyants. Et les plus anciens, disponibles, capables de recul, dotés d’expérience, parfois trop critiques. Il n’était pas rare également que plusieurs générations cohabitent sous le même toit. Le propos n’est pas nostalgique, l’harmonie était loin d’être parfaite, mais on vivait sous une forme de collectivité respectée et assumée.

Face à la montée en puissance de l’individualisme, de nombreuses expériences ont été menées pour reconstruire des formes de vie collective, allant des communautés pionnières des hippies à des formes beaucoup plus construites et organisées d’habitats groupés, en passant par les systèmes D que sont les colocations ou les occupations temporaires. Il s’agit aujourd’hui de poursuivre cette expérimentation et d’en prendre le meilleur pour poser des choix avertis.
Réhabiliter des dispositifs collectifs intergénérationnels est porteur de sens pour les acteurs de la santé que nous sommes. Ce n’est pas une démarche purement idéaliste, mais réaliste et engagée. Les structures d’accueil et de soins sont difficilement soutenables d’un point de vue économique sur le long terme. Des alternatives existent et doivent être promues pour permettre aux personnes âgées de vivre de façon autonome le plus longtemps et dans les meilleures conditions possibles : plateformes intergénérationnelles d’entraide entre voisins, habitat kangourou et autres lieux de vie fonctionnant sur le principe du partage entre personnes âgées et jeunes familles… Et si les maisons de repos et de soins deviennent parfois une dernière étape incontournable, ces institutions sont elles aussi amenées à se réinventer. Déjà, des projets voient le jour avec succès pour intégrer davantage la participation des résidents dans leur gestion ou pour accueillir des dispositifs d’accueil pour la petite enfance au sein de leurs murs. Preuve que la cohabitation entre les générations fonctionne à tous les âges !

Apportant sa pierre à ce mouvement d’innovation sociale, la MC, en tant qu’entrepreneur social, s’est récemment associée au Jardin des paraboles, un projet de village-services écologique qui verra le jour à Lessive dès 2022. Et, si le lieu est pensé pour les besoins des personnes âgées, l’intergénérationnel y tiendra aussi une belle part. “Les hébergements seront adaptés aux personnes à mobilité réduite et/ou vieillissantes. Le con cept de mixité intergénérationnelle aura pour but de favoriser le lien social et, dès lors, de briser la solitude dans laquelle de nombreuses personnes se trouvent. En somme, ce concept agira sur un ensemble de déterminants sociaux en vue de réduire les inégalités de santé et contribuera à la bonne santé de ses résidents. Cette collaboration démontre que l’immobilier joue un rôle prépondérant dans la santé et qu’il peut être un vecteur de changement sociétal grâce aux liens sociaux qu’il peut induire”, détaille Frédéric Étienne, directeur de l’entrepreneuriat social à la MC.

Plus qu’une opinion, c’est un fait objectif et mesuré par des études : les liens sociaux, les solidarités de proximité et la générosité vis-à-vis des autres nous maintiennent en bonne santé. C’est sur ces fondations que doivent se construire les réponses aux défis posés par le vieillissement de nos populations. Décloisonnons tout ce qui peut l’être entre les générations. Les raisons sont multiples. La santé en est une. Le bien-être et l’intelligence collective en sont d’autres… La diversité est source de mieux, dans toutes les facettes de notre vie.