Retour à Éditos

Élections américaines : et maintenant…?

Élections américaines : et maintenant…? © M. Detiffe

Ce 8 novembre restera assurément une date clé dans l’histoire contemporaine. Les résultats de l’élection présidentielle aux États-Unis ont surpris nombre d'entre nous. Le réveil au lendemain de la nuit électorale a été douloureux. Quel choc ! Après la stupéfaction et l'étonnement, c'est l'inquiétude qui pointe à l'horizon, pour les valeurs de solidarité, d'égalité, de justice sociale précieuses à nos yeux de mutuellistes.


Réseaux sociaux, médias, conversations du quotidien, le candidat fortuné aux élections américaines est sur toutes les lèvres… Sa désignation ne laisse pas indifférent, tant il semblait impossible aux yeux de nombre d'entre nous que Donald Trump l'emporte face à Hillary Clinton ; impossible que l’invraisemblable, le racisme et l'injure gagnent…

Et pourtant… La victoire de l'homme d'affaires sulfureux est d’autant plus ahurissante qu’elle est éclatante, avec un score de 290 grands électeurs à son actif contre 232 pour le camp démocrate. Il apparaît nettement gagnant en termes de grands électeurs, même si certains analystes font remarquer que Donald Trump a au total remporté moins de voix qu'Hillary Clinton.

Une surprise, vraiment ?

La victoire du Républicain, d’aucuns l’avaient prédite… Mais ils n’ont pas vraiment été entendus. Leurs voix n'ont sans doute pas suffisamment été relayées par les médias. Aujourd'hui, les observateurs cherchent à expliquer cette élection, tentant de décoder les raisons de l'arrivée du milliardaire à ce poste.

Parmi les hypothèses, celle que le discours économique de Trump, certes simpliste et accompagnant ses propos racistes, homophobes et misogynes, a pu séduire une partie de la classe moyenne.

Aux antipodes des allocutions habituelles des politiques américains, ce discours aurait constitué une des clés du succès du milliardaire. Parce qu'il se serait démarqué du positionnement habituel de son parti. Parce qu'il se serait attaché à sortir les gens de la culpabilité, à pointer du doigt l'État comme responsable des déboires individuels, à taxer de profiteurs non pas les personnes sans emploi mais les puissances extérieures comme la Chine ou les migrants comme les mexicains qui, selon lui, prennent les emplois des américains.

Ce positionnement aux forts accents anti-immigration serait alors devenu un discours de conviction partagé au sein d'une certaine classe moyenne blanche américaine.

Les votes "pour" Trump seraient aussi en partie des votes "contre" l’establishment politique… Ils témoigneraient d'un réel besoin d’alternatives demandées à la classe politique par une frange grandissante de la population.

Ne perdons pas de vue que ce même besoin vit également au sein des démocraties européennes. Les effets d'un sentiment de ras-le-bol semblent guetter la France, l’Allemagne mais aussi notre pays. Les discours simplistes sont légion et les portes ouvertes à des votes de protestation également…

Quelle est notre marge de manœuvre ?

Le choc de l'élection américaine passé, atterrés par le profil du futur Président, que faire ? Après le temps de la surprise, il faut sans doute laisser le temps à la tristesse, aux larmes pour certains. Et puis, il s'agit de se ressaisir, de rebondir… et de voir poindre le temps de l’action. Celui de la réaction constructive. En tant que citoyens, nous oublions trop souvent que nous avons du pouvoir.

Certes, la démocratie a fait son œuvre et le peuple américain a démocratiquement choisi son nouveau président. Mais le débat démocratique ne s'arrête pas là. Ni aux États-Unis, ni sous nos latitudes.

Les questions fondamentales que cette élection soulève comportent aussi des réponses à notre portée… Quelle éducation politique donnons-nous aux jeunes générations ? Comment exerçons-nous notre esprit critique ? Comment le travaillons-nous ? Comment formons-nous les jeunes de demain à prendre le recul nécessaire pour penser le monde ? Comment les accompagnons-nous à prendre leur vie en main ? Comment affrontons-nous les simplismes ? Comment montrons-nous notre opposition ? Comment portons-nous des messages constructifs ?

Une partie des réponses se trouve sans doute dans notre action mutualiste, dans notre attachement à la démocratie interne qui vit dans les instances de notre Mutualité, dans notre plaidoyer pour une société plus juste et plus solidaire. Nous soutenons la construction d'initiatives citoyennes fortes, qu’elles soient en lien direct avec l’actualité ou pas, qui offrent des espaces d’engagements pour chacun, lieux d’échange et de discussion, lieux de lutte contre l’isolement social, moments de construction d’un avenir commun.