Retour à Éditos

Être acteur de sa santé dans un environnement en mutation

Être acteur de sa santé dans un environnement en mutation © Marc Detiffe

La loi sur les droits du patient – dont s'est dotée la Belgique en 2002 – porte sur ce que nous avons de plus précieux : notre santé et celle de nos proches. Ces dispositions légales sont encore méconnues. Elles prennent pourtant un relief nouveau au regard des transformations fondamentales du paysage des soins et des progrès de la médecine. Il est évident que ces nouvelles perspectives doivent améliorer notre bien-être. Pour nous le garantir, les droits du patient sont à réinventer…


Notre souci de bien-être guide nos choix quotidiens en matière d’alimentation, de rythme de travail, de temps de repos, d’activités physiques, de loisirs, etc. Et pour nous aider à répondre à certains besoins en matière de santé, nous nous en remettons à des professionnels. Nous consultons notre médecin, notre dentiste, notre pharmacien ou d’autres prestataires de soins. En cela, nous sommes tous des patients. Cela nous confère certains droits. En avons-nous une connaissance plus qu’intuitive ?

Une loi comme balise pour une relation de confiance et de qualité

Au fil du temps, les liens entre patients et praticiens professionnels se sont modifiés. Le destinataire de soins se présente aujourd’hui davantage comme un partenaire à part entière. Une relation plus égalitaire s’est développée avec les soignants. Cette évolution s’est cristallisée dans une loi énonçant les droits du patient. Ses objectifs principaux : assurer la protection de la personne vulnérable et faire de chacun d’entre nous un véritable acteur de sa santé.

Le respect de la loi implique que tout patient soit respecté dans sa dignité et son autonomie. Sauf cas précis, il doit pouvoir obtenir toutes les informations qui concernent son état de santé, ce dans un langage clair, qui lui est accessible. Le prestataire est invité à préciser ce que coûtera le traitement à suivre ou l’intervention à subir et à donner toutes les informations concernant les risques et les alternatives. Le cas échéant, le patient sera rassuré sur la prise des dispositions nécessaires afin de prévenir, de traiter et de soulager la douleur. S’il est malgré tout dans le doute, il peut se faire assister par une personne de confiance.

La loi n’a pas été promulguée pour complexifier le travail des prestataires. Au contraire, elle se veut facilitatrice et promeut tant une relation de confiance que des interventions de qualité. Surtout, elle ne doit pas inciter les patients à brandir leurs droits. Elle constitue une référence, le support d’une communication mieux préparée, plus riche, plus transparente.

La mutualité accompagne les patients

Chaque année, à l’occasion de la journée européenne des droits du patient (le 18 avril), la Mutualité chrétienne se mobilise autour de cette question. En 2017, le thème retenu est de l'information des patients y compris sur le coût des soins (lire "Oser parler d'argent avec son soignant…"). C’est ainsi que la MC du Hainaut oriental, par exemple, organise des actions de sensibilisation et d'information au sein de plusieurs hôpitaux, tant publics que privés.

Aider la personne à être davantage l’acteur de sa santé est un objectif continu, qui ne s'arrête pas à la date du 18 avril. Au sein de nos permanences, nos conseillers mutualistes soutiennent nos membres en référence aux idées véhiculées par les dispositions légales. Il s’agit entre autres de les accompagner pour faire valoir leurs droits dans un esprit de dialogue constructif avec les soignants.

Notre participation à des salons santé, des conférences, des actions locales nous donne également l’occasion de renforcer l’empowerment du patient, c’est-à-dire à sa capacité à acquérir ou à garder un réel pouvoir d’action et de décision sur les facteurs déterminants de sa santé.

Quels nouveaux enjeux pour la défense des droits du patient ?

Le monde de la santé est en ébullition. Il est d‘une part menacé par des réformes politiques qui semblent davantage guidées par des enjeux financiers que par la recherche d’une qualité accrue. D’autre part, la révolution numérique, les avancées déterminantes dans la recherche scientifique et médicale, l’essor de la génétique, de la robotique, des nanotechnologies, l’augmentation exponentielle du nombre de données en vue d’affiner les pronostics médicaux sont autant de facteurs qui rendent notre environnement santé de plus en plus complexe et multiforme.

Les patients sont amenés à assumer une responsabilité personnelle croissante à l’égard de leur propre santé. Par exemple, la mise sur le marché, à des prix abordables, de multiples applications santé permettent déjà aux possesseurs d’un smartphone d’établir des autodiagnostics médicaux. Cette évolution vers une plus grande autonomie du patient porte en elle aussi des risques. Comme celui de transférer une partie des responsabilités de la décision médicale sur le patient. De même, accompagner le patient pour améliorer son capital santé ne doit pas avoir pour corollaire un remboursement des soins qui serait conditionné par le respect de normes comportementales.

Une autre dérive serait le développement d’une approche consumériste de la santé. Faces à ces enjeux, il est fondamental de veiller à introduire dans la législation des garde-fous visant à protéger mieux encore les personnes, et spécifiquement les plus vulnérables.

Notre Mutualité se doit de rester proche de ses membres et disponible pour continuer à les accompagner autant que nécessaire dans leur recherche de maîtrise d’un environnement santé en mutation continue.