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L’art… d’être en bonne santé ! 

L’art… d’être en bonne santé !  © M. Detiffe

La culture est vitale pour la santé des individus comme celle de la société. C’est pourquoi il faudrait d'autant plus prendre soin de ce secteur pour sortir de la crise. 


Le covid 19 a le mérite de mettre à l’avant-plan : la question de la culture, de son accessibilité et de nous rappeler son utilité ! Sans être fondamentalement épris d’une frénésie culturelle, en tant que citoyens responsables, on ne peut qu’être sensibilisés à l’importance, ou mieux, au caractère essentiel de la culture.  

Au moment où les questions de la maladie et de ses conséquences parfois vitales se posent, ou les secteurs de la santé demandent à être écoutés et reconnus à leur juste valeur, où l’économie vacille et se réaffirme comme centrale dans notre société organisée, où la relation et l’interaction humaine sont dénaturées… pourquoi rajouter cette couche de la culture aux autres défis ?  

La première raison est pragmatique. L’art nous renforce intellectuellement, mais aussi physiquement, contre les maladies. “Le fait de se fixer l’objectif de créer quelque chose, puis d’atteindre cet objectif, a (…) des effets positifs sur l’estime de soi et la confiance en soi (Humphreys Weitz, 1996). Les processus créateurs ont des effets physiologiques positifs qui vont d’une diminution de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle à la production d’endorphines – les hormones qui agissent comme des opiacés pour induire un sentiment de détente (Rockwood Lane, 2005). L’art peut également avoir des effets puissants sur la perception par l’individu de la douleur, de son attitude et de son état émotif. Les professionnels de la santé rapportent qu’après avoir visionné des productions artistiques, leurs patients sont détendus, et plus enclins à être plein d’espoir et optimistes (Ibid.). ” (1) 

Un lien social  

Si l’on prend davantage de recul, on peut aussi rappeler que la culture et l’art contribuent à nos équilibres individuels et collectifs. “ La culture est indéfinissable car elle est tout simplement indissociable de notre monde et de notre fonctionnement humain, écrit Catherine Makereel, pour Le Soir (2)  La culture, c’est épanouir et émanciper. (…) C’est l’éveil des consciences, la rencontre, le lien social. Des représentations du monde, un écho à nos émotions, nos pulsions. Ça peut bousculer l’ordre établi ou servir d’outil de propagande. ” 

Le culturel n’est pas qu’une démarche élitiste et réservée aux plus nantis et aux plus avertis. Nous ne voulons pas le voir comme une “niche” mais comme une approche plurielle, ouverte, décloisonnée des lieux et des temples gardés. S’appuyant sur de nombreuses formes artistiques, la culture est cette réponse spontanée ou construite aux évènements de la vie. Et si elle est heureusement aussi recherche d’excellence et de perfection, elle se décline et s’offre ensuite à tous…  

La culture est un investissement, pas une dépense. Elle ne nécessite pas de budgets démesurés ni de réalisations somptueuses, mais une vraie attention continue pour la maintenir vivante et la rendre accessible au plus grand nombre. À l’instar de la santé ou de l’environnement, elle mériterait d’être intégrée de façon transversale à l’ensemble des politiques. 

Nous voulons une société décomplexée, constituée d’individus debouts, conscients, engagés. Nous pensons que la santé est une des fondations sur laquelle doit se construire l’adulte actuel ou futur, acteur de sa vie, confiant et créatif. Nous voulons que l’art et la culture en soient l’essence, l’énergie, le moteur : stabilisateur dans les moments où tout tangue et aiguillon parfois féroce lorsque tout est trop calme… Voilà ce que nous sommes en droit de demander : des lectures qui nous donnent de l’espoir ou de l’énergie pour questionner, des moments de recueillement issus de psaumes chantés, des épisodes intenses avec Jean Louis Aubert, Dick Annegarn ou l’intemporel Philippe Delerme, le désordre du street art, l’émotion de la pastorale de Beethoven, l’oubli devant un balai ou une simple chorégraphie, l’émerveillement face à une pièce de théâtre, un spectacle vivant ou un film de Vincent Lindon… Impossible de tout lister et surtout quelle drôle d’idée. C’est vaste, pluriel et pas toujours ordonné ! 

Nous souhaitons simplement l’accès à “ l’en-dehors ”, à ce qui nous permet, malgré les limitations actuelles de nos libertés et de nos contacts, de nous ouvrir et nous emmener à l’aventure, en s’appuyant sur ce que l’on ressent. Ces dispositifs nous apparaissent vitaux dans le cadre de nos démarches de mutualité santé prônant la participation pour développer une santé ouverte, accessible et multiforme. 


(1) Art et Santé, Centre de collaboration national de la santé, 2012,  France, Alice Muirhead et Sarah de Leuw.  

(2) “ Le Grand Tour: 20km à pied, ça muscle les idées”, Le Soir, 24 août 2020