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La "Santé Positive": une notion enthousiasmante

La Jean Hermesse (c) Marc Detiffe

"Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore", affirmait le Dr Knock dans la célèbre pièce de Jules Romains. Et si la santé, c’était autre chose que l’absence de maladie ? Inversement, même malade, ne peut-on se sentir en bonne santé ?


La santé vient souvent en tête dans les sondages sur les éléments considérés comme importants dans nos vies ou dans les vœux que l'on se souhaite mutuellement. Chacun "touche du bois" pour être "épargné" par la maladie. Comme si l’absence de maladie  conduisait naturellement à une vie de qualité, au bonheur. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) pousse l’idéal de la santé plus loin encore que l'absence de pathologie physique. Elle définit la santé comme "un état de bien-être complet, sur le plan physique, psychique et social". En réalité, cet état "parfait" est inatteignable. Nous voilà donc tous en mauvaise santé, à devoir nous soigner en permanence.

L’approche médicale dans l’impasse

Bien sûr, nous bénéficions, en Belgique, d’un des systèmes de santé les plus performants au monde : la qualité des soins est très bonne. Il y a très peu de listes d’attente pour les soins médicaux. Les médecins, infirmiers et autres paramédicaux sont bien formés et dévoués. Nous avons accès aux médicaments innovants très coûteux… Nous investissons d'ailleurs beaucoup dans les soins de santé : plus de 45 milliards d'euros y sont consacrés chaque année par la sécurité sociale et les patients. Mais malgré tout cet investissement, l’impression domine que la santé de la population ne s’améliore, pas bien au contraire. Les inégalités de santé se creusent comme en témoignent notamment les écarts d'espérance de vie entre les classes sociales et selon les lieux de vie. Le nombre de travailleurs en invalidité ne fait qu’augmenter, en particulier en raison de problèmes psychologiques. Même constat pour l’obésité, le diabète, les pathologies cardio-vasculaires, la dépression… : ces maladies de civilisation font des ravages comme l’atteste la forte consommation de médicaments prescrits pour y faire face. Étant donné le vieillissement de la population, tous ces indicateurs négatifs risquent hélas de s’aggraver. 

Et si l'on définissait la santé autrement ?

Aux Pays-Bas, il y a près de dix ans, la docteure Machteld Hubert, confrontée elle-même à la maladie, a entamé une réflexion sur la notion de santé. Elle a invité pour ce faire des experts du monde entier. Par la suite, plus de 2.000 patients et prestataires de soins ont été sollicités pour dire quels aspects ils prendraient en compte afin d'évaluer si une personne est en bonne santé. Ces recherches ont abouti à une nouvelle vision de la santé, plus engageante, telle que vécue par les patients. Plutôt qu’un objectif à atteindre, la santé est définie comme notre capacité à nous adapter à notre environnement, à faire face aux changements constants de notre vie, à prendre au maximum le contrôle des choses qui nous concernent. Cette capacité de se mobiliser pour améliorer sa santé porte sur six dimensions : les fonctions physiques, le bien-être mental, le sens de la vie, la participation sociale, la qualité de vie et le fonctionnement au quotidien.

Cette notion a été nommée "Santé Positive". Le sens de la vie y occupe une position centrale. Et l'on fait appel au pouvoir de résilience de chacun qui nous permet de surmonter les adversités. Ainsi, malgré une maladie chronique, on peut se sentir bien et trouver un équilibre. Et on peut se sentir en bonne santé à tout âge, jusqu’à la fin de ses jours. La santé n’est pas poursuivie pour la santé en soi, mais pour la vie.

D'autres politiques de santé

Cuisiner sainement, faire quotidiennement une promenade, chanter dans une chorale, s’engager bénévolement dans une association, participer à des loisirs de groupe… autant d’actions et d'activités parmi d'autres qui peuvent renforcer le sentiment d'être en bonne santé. Mais au-delà du champ d'action personnel, il faut aussi que l’environnement immédiat, le quartier, la communauté locale, soient des lieux de soutien et d'engagement.

Si l'on veut sortir de la médicalisation des problèmes sociaux et permettre aux citoyens une vie aussi longue que possible en bonne santé, il est nécessaire de veiller aux aspects de santé dans toutes les politiques publiques. Cela concerne la protection sociale, la mobilité, l'aménagement du territoire, l'alimentation, le logement, les nuisances environnementales, les services collectifs, etc.

Par ailleurs, grâce au test "Ma Santé Positive" (à réaliser sur www.masantepositive.be), de nouveaux horizons et perspectives s'ouvrent également dans la  pratique médicale. En offrant une vue globale de la santé, il peut être un outil de dialogue entre le patient et son médecin; il peut permettre au médecin d’accompagner et de motiver son patient à utiliser et renforcer ses capacités d'adaptation.

La notion de "Santé Positive" apporte un vent de fraîcheur. Elle est enthousiasmante pour les patients, pour les prestataires de soins et pour les politiques publiques. Elle ouvre de réelles perspectives d'amélioration de la santé pour tous. C'est pourquoi la MC lance un large appel à tous ceux qui - acteurs de soins, organisations sociales ou simples citoyens – souhaitent promouvoir cette nouvelle vision de la santé, au sein d'un futur réseau de "Santé Positive", à l'instar de celui qui existe aux Pays-Bas.

>> Plus d'infos : www.masantepositive.be