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Que nous souhaiter de bon pour 2015 ?

Que nous souhaiter de bon pour 2015 ? Elisabeth Degryse © M.Cornélis

L'année 2014 fut compliquée. Les élections ont laissé émerger des majorités politiques disparates. Des tensions sont apparues entre les entités fédérées et le fédéral. Le gouvernement de droite au pouvoir a entamé des relations plus qu'houleuses avec les interlocuteurs sociaux… Suivant l'adage, après la pluie vient le beau temps, on peut alors s'attendre à une année 2015 bien meilleure. C’est ce que nous aurions pu croire.


Les évènements des dernières semaines de l'année 2014 ont malheureusement de quoi nous inquiéter encore. En cause ? Non pas tant la tension du climat social. Car elle semble, sous l’effet du mystère de Noël peut-être, s’être quelque peu dégonflée depuis le 15 décembre. Et même si elle est très mince, une lueur d’espoir apparaît. Ce n'est en effet pas la tension elle-même qui nous inquiète, mais bien la façon dont tout ceci se joue.

Ne pas être d’accord, entrer dans un dialogue ferme… n'ont rien de problématique. Sauf à se parler avec violence, à s'envoyer des noms d'oiseaux à la figure, à oublier la plus simple correction vis-à-vis de l'être humain qui vous fait face, à afficher de l'irrespect et du mépris. Assurément, les médias ont une grande part de responsabilité dans ce déballage consternant, cherchant la formule choc à tout prix, scénarisant les oppositions, incitant aux raccourcis. La surmédiatisation et l’immédiateté de notre société renforcent des phénomènes peu glorieux. Mais n'est-il pas regrettable de voir nombre de protagonistes renforcer ces tendances ? Jusqu'à ne donner comme visage aux citoyens qu'une bien triste figure.

Alors pour 2015, j'aimerais que certaines balises se rappellent à nous. Elles s'appellent cohérence, respect, écoute, ouverture… Et peu importe notre fonction, notre champ d'action, elles doivent nous guider.

Ainsi, il est toujours utile de nous remémorer les raisons de notre engagement, de nous interroger régulièrement sur le sens que nous donnons à nos actes. N’ayons pas la conscience tranquille. Ne nous contentons pas d'une étiquette, dans le style : "je travaille dans le social". Interrogeons-nous en profondeur, et en permanence. Être au service de l’autre, être flexible et disponible parfois à des moments un peu "hors norme", c’est sans cesse construire notre modèle de société pour être certain qu’il réponde aux besoins des plus faibles. Ne faisons pas fi des valeurs qui nous animent.

Mais les idéaux ne méritent pas qu’on sacrifie le respect de l’autre. Je vous souhaite donc aussi du respect. Chaque être humain a sa raison d'être, et à ce titre, chacun mérite les mêmes égards. Peu importe notre place "sociale", nos revenus, notre façon de voir les choses, le respect de chacun est la clé de la construction d’une société équilibrée et juste. Chacun y a une place reconnue et acceptée. Ce respect passe aussi par la considération des rôles de chacun. Réapprendre à se parler, à se concerter, à élaborer ensemble est un défi dans notre société où l'individu semble avoir des difficultés à "la jouer collectif". Enfin, le respect se manifeste aussi dans le soin que l'on apporte à nos interventions, à notre travail, à nos gestes et à nos actes. Aller au bout des choses, ne pas se contenter d'à peu près, de moitiés de…

Certes, nous sommes nombreux à courir après le temps. Mais dans cette poursuite effrénée, tentons de nous rappeler l'important. Accordons du temps à l'écoute de nos proches, de nos voisins, d'autres points de vue. Tâchons d'éviter les non-dits, les mésententes, les malentendus. Cherchons le bon moment pour dialoguer et préférons toujours un dialogue franc et constructif à des situations qui pourrissent. Les difficultés de la concertation sociale aujourd'hui viennent aussi de ce manque de temps accordé à l’écoute de l’autre. Soyons attentif à pratiquer une réelle écoute, et pas une écoute prétexte. Tous, nous y gagnerons. Car, à trop croire que l'on sait, que l'on a compris sans vraiment entendre l'autre, on ne peut que se tromper dans les réponses.

En 2015 que nous puissions aussi sortir du cadre. Notre modèle de concertation sociale doit certes être défendu et affirmé. Mais il ne doit pas nous maintenir dans des modes de concertation figés. Osons le changement… Osons les alternatives…

Certains ouvrent des horizons en nous proposant "tout autre chose". "Tout Autre Chose" est un mouvement citoyen qui refuse le discours de nos gouvernants affirmant qu’il n’y a pas d’alternative à l’austérité (lire à ce propos "De Hart boven hard à Tout autre chose"). Cette initiative originale souhaite voir converger les forces et les idées de tous pour élargir et renforcer nos modes habituels de concertation.

En 2015, dans notre quotidien aussi, osons l’alternative ! Cherchons chacun ce que nous pouvons faire pour changer nos modes de collaboration et les remettre au plus près de nos valeurs et des balises que nous venons de ré-évoquer.

À tous et à chacun une excellente année 2015 !