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Se projeter dans l'avenir

Se projeter dans l'avenir © M. Detiffe

La fin de l’année 2016 approche à grands pas. Au regard de l'actuel climat morose, les fêtes feront certainement du bien. Avec quelques moments en famille ou entre amis, un peu de sérénité, des jours de congés parfois…, avec aussi l’année nouvelle qui se profile. C'est l’occasion de formuler de bonnes résolutions et de rêver de projets porteurs. Tour d’horizon de quelques défis pour 2017.


Ne pas démembrer la sécurité sociale La fin d’année 2016 a vu s'élaborer, au niveau du gouvernement fédéral, un projet de loi visant à réformer le financement de la sécurité sociale. À l’heure d’écrire ces lignes, les contours précis de cette réforme ne sont pas encore totalement connus. Mais le risque de voir la sécurité sociale (les pensions, le remboursement de frais médicaux, les revenus de remplacement en cas d'incapacité de travail ou de chômage…) devenir la variable d’ajustement budgétaire semble, lui, relativement clair.

Entre autres choses, la future loi inclut un mécanisme dit de "responsabilisation". Ce principe s'accompagne d'un écueil majeur : permettre la remise en cause des accords conclus entre interlocuteurs sociaux, lors de chaque discussion budgétaire. Alors que nous connaissons déjà ce type de dérives avec le gouvernement fédéral actuel, la réforme ouvrirait en somme plus largement la porte aux "économies antisociales". Le risque est grand de voir se renforcer le déséquilibre criant entre le laxisme en termes de recettes fiscales et la rudesse à l’encontre des allocataires sociaux et des soins de santé. Situation que nous dénonçons avec le MOC et ses organisations constitutives, depuis des mois.

Face à ce projet de réforme, la vigilance est donc de mise, particulièrement en ce début d’année 2017. Il s'agira de tout faire pour éviter que le projet de loi ne passe tel quel au stade de loi. Il s'agira d'empêcher que la sécurité sociale ne soit déforcée. On en connait les risques. Par exemple, le développement d'une médecine à deux vitesses ou encore l'essor des assureurs privés qui s’en donnent à cœur joie pour couvrir à prix d’or ce que notre système ne sera plus capable d'assurer.

Soutenir la concertation sociale

La confection des budgets 2017 est un épisode encore frais dans les mémoires et ne dit rien de bon sur le respect de la concertation. Rappelons notamment que les représentants des organismes assureurs et des dispensateurs de soins, ainsi que les interlocuteurs sociaux s’étaient accordés sur un budget des soins de santé prévoyant 660 millions d’euros d’économies; et que le gouvernement a balayé cet accord. Il a imposé un effort de 903 millions.

La confection du budget de l’Aviq (Agence wallonne pour une vie de qualité) a vécu le même genre d’épisode. Le tout récent organisme d’intérêt public (OIP) wallon qui gère les matières liées à la santé, au handicap et aux familles n'a pas affiché meilleure figure. Les partenaires sociaux n’ont pas été en mesure de valider un budget en déficit. Et le mode de fonctionnement de l'OIP s'est révélé tout sauf paritaire.

Ces deux anicroches récentes illustrent le danger de voir la concertation sociale, pilier de notre modèle de fonctionnement, remise en cause et bafouée. À chacun de nous, acteur de ce système, de tout faire pour que les négociations qui s’engageront en 2017 se placent, à nouveau, dans la concertation.

Pour une politique sociale juste et garantissant à chacun ses droits

En juillet 2016, une loi, votée à l'initiative du ministre fédéral de l'Intégration sociale, Willy Borsus, a instauré un service communautaire auquel seront assignés les usagers des CPAS. La définition en est très vague : "Le service communautaire consiste à exercer des activités, sur base volontaire, qui constituent une contribution positive tant pour le parcours personnel de l'intéressé que pour la société". Ce dispositif augure deux défis pour l’année à venir.

D’une part, il s’agira de s’assurer que les intentions réelles autour de ce "service communautaire" prétendument volontaire, ne se cachent pas un travail gratuit en échange du revenu d'intégration sociale (RIS), voire derrière une nouvelle condition d'octroi. Notons au passage que ce service pourra être presté dans un nombre important de secteurs : administrations publiques, CPAS, communes, ASBL... À peu près partout, sauf dans le privé purement marchand.

D’autre part, il s’agira de voir ce que le gouvernement prévoit pour les personnes qui ne répondent pas "correctement" à cette exigence… En bref, quelle sera la sanction pour ceux qui ne remplissent pas ou mal ce service ? Fragiliser ce que l'on considère comme le dernier filet de sécurité, c'est ouvrir la porte à davantage d'exclusions encore, à ne laisser comme alternative à certains que le dessous des ponts pour s'abriter.

Avec un mouvement mutualiste porteur

2016 a vu notre mutualité réaffirmer une vision forte pour l'avenir : défendre la qualité et l'accès aux soins de santé et au bien-être pour tous. En tant qu’assureur social, la MC entend continuer à mettre tout en œuvre pour assurer une couverture maximale de vos soins. En tant que mouvement social, la MC s'engage, avec ses volontaires, à construire une société conviviale et engagée. En tant qu’entrepreneur social, la mutualité poursuit le développement d'initiatives responsables et novatrices en vue de rencontrer de nouvelles questions/besoins en matière de soins et d’assistance.

En 2016, se sont tenues également les élections à la MC. Nos instances – assemblées générales et conseils d'administration – ont été renouvelées dans l’ensemble des huit mutualités chrétiennes francophones et germanophone.

2017 sera donc une année de mises en œuvre, de concrétisations, soutenues par ce projet de société solidaire cher à notre mutualité. Les défis ne manquent pas. Les motivations pour les relever non plus.