Politiques de santé

Les médicaments : des prix à rendre malade

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#leprixdelavie
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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

La mise sur le marché du Sofosbuvir, un médicament efficace contre l’hépatite C, a agi comme un révélateur des dysfonctionnements en matière de fixation du prix des médicaments. "Pourtant basé sur un processus déjà utilisé pour plusieurs autres médicaments, cette spécialité est sous brevet pendant vingt ans, ce qui permet à la firme productrice de bloquer la mise sur le marché de médicaments génériques et de demander un prix de plus de 43.000 euros pour un traitement de 12 semaines. Or, une étude scientifique de 2015 a estimé le coût de production à 100 euros, affirme Médecins du Monde, à l'initiative de la campagne "Le prix de la vie" à laquelle le grand public est invité à s'associer (1). Les traitements contre le cancer sont aussi devenus un marché particulièrement juteux. Le Glivec, un traitement contre la leucémie, est vendu 45.000 euros par an et par patient pour un coût de production estimé à 200 euros. Le Keytruda, un traitement contre le mélanome, est annoncé à 100.000 euros par an et par patient", ajoute l'organisation non gouvernementale.

"La mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système des brevets doit cesser. Les autorités publiques laissent les laboratoires dicter leurs prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations", dénoncent les partenaires de la campagne. La Belgique, comme d’autres pays, négocie en effet le prix des médicaments avec les firmes mais elle n'a que peu de marges de manoeuvre.

"Si les négociations deviennent trop "dures", la menace de délocalisations apparaît immédiatement, avec des milliers d'emplois à la clé. La Belgique s’est aussi engagée à respecter les droits sur la propriété intellectuelle. Mais surtout, quel pays peut refuser la mise sur le marché d’un médicament efficace contre une maladie grave ?"

L’autre problème, c’est le manque total de transparence. "Les producteurs de médicaments se justifient par les coûts très élevés de la recherche mais les coûts réels par nouveau médicament ne sont pas connus. Personne ne sait comment l’industrie et les experts calculent la valeur d’un médicament. Or c’est cette valeur qui justifie les prix".

Pour les partenaires de la campagne, ce sont ni plus ni moins notre sécurité sociale et notre santé qui sont en danger. "Il faut d’urgence un nouveau modèle qui tienne compte de l’intérêt public. Nous demandons aussi une réforme du système étouffant des brevets qui induit des dysfonctionnements majeurs".