Soins de santé

De grandes différences de qualité entre hôpitaux

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© Ph Turpin BELPRESS
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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

En 2013, près de 20.500 patients ont bénéficié du placement d'une prothèse totale de hanche. Cette intervention, quasiment tous les hôpitaux belges la réalisent. Et globalement, les résultats sont très bons en comparaison avec d’autres pays : la personne qui bénéficie d'une prothèse totale de hanche a 95% de chances de la conserver plus de dix ans (souvent même 15 ans). Cependant, les chances de "survie" de la prothèse varient selon l'hôpital où l'intervention a été effectuée. Voilà ce que montre la récente étude de la MC. Elle porte sur 11.000 interventions ayant eu lieu en 2012 et 2013, dans 84 hôpitaux.

Même après correction de divers biais (liés notamment à l’âge du patient), certains hôpitaux font mieux ou moins bien que la moyenne. Ainsi, un patient du CHU Mont-Godinne a près de trois fois plus de risques de révision de sa prothèse (dans les dix ans) que la moyenne. Le risque est près de deux fois plus élevé que la moyenne au centre hospitalier Peltzer La Tourelle à Verviers et au CHU de Liège. En Flandre, c’est l'hôpital St-Vincent de Deinze qui obtient le plus mauvais score, avec un risque près de deux fois plus élevé que la moyenne. En revanche, à l'hôpital Notre-Dame de Lourdes de Waregem et à l'hôpital régional de Louvain, le patient a près de trois fois moins de risques de voir sa prothèse remplacée. L’étude montre également qu’il n’y a pas de lien entre coût et qualité : ce n’est pas parce que le patient paie cher que les prestations sont de meilleure qualité.

D’autres indicateurs témoignent également de différences en termes de qualité. Le premier a trait à la transfusion sanguine. Cette pratique comporte des risques infectieux et d'erreurs – même s'ils sont heureusement exceptionnels – et nécessite le plus souvent une journée d'hospitalisation supplémentaire. Idéalement, le recours à la transfusion sanguine devrait donc être limité aux cas difficiles. En moyenne, une transfusion sanguine est réalisée dans 17% des interventions. Mais au CH Glorieux de Renaix, par exemple, ce taux atteint 56%.

Le second indicateur concerne la durée de séjour à l’hôpital. Pour le placement d'une prothèse totale de hanche, celle-ci est de 7 jours en moyenne. Mais elle varie de 5 à 24 jours selon les hôpitaux.

Le dernier indicateur concerne l'admission au service des soins intensifs durant le séjour hospitalier. C’est le cas en moyenne pour 8% des patients. Cependant, le pourcentage atteint 42% au CHU de Liège, par exemple, et grimpe même à 82% à l’hôpital de Furnes. Pourtant l'admission aux soins intensifs ne devrait avoir lieu qu'en cas de complications ou de pathologies multiples.

"Pour une opération aussi fréquente, les patients ne devraient pas se demander dans quel hôpital il est préférable de se rendre"

Améliorer la qualité

La première étude de la MC sur la placement d'une prothèse de hanche date de 2000. En 15 ans, tous les indicateurs de qualité tels que décrits ci-avant se sont globalement améliorés. C'est une excellente nouvelle. Mais certains établissements n’ont pas évolué.

"Pourtant, nos analyses successives leur ont été transmises et nous sommes soucieux de collaborer de manière transparente et équilibrée avec les soignants et les directions pour améliorer la qualité, précise Jean Hermesse. Pour une intervention aussi fréquente que la prothèse totale de hanche, les patients ne devraient pas se demander dans quel hôpital il est préférable de se rendre. Tous les hôpitaux doivent tendre à offrir des soins de qualité. Si les résultats sont aujourd’hui moins favorables dans certains d’entre eux, nous espérons que nos données serviront d’amorce au développement d’un plan d’action, en leur sein, en vue d’une meilleure qualité", conclut-il.

Pour en savoir plus ...

Lire également, sur le site de la MC "Prothèse totale de hanche : un hôpital n’est pas l’autre" et l'étude détaillée, avec les données par hôpital "Prothèse totale de hanche : une étude de la MC".