Droits des patients

Vos factures sous la loupe
 

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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

1.153 euros pour une opération de la cataracte (en hospitalisation de jour). 2.074 euros pour la pose de stents (en admission classique). 1.390 euros pour un accouchement naturel. 1720 euros pour une opération des varices (intervention chirurgicale de jour). 2.388 euros pour le placement d'un pacemaker (en admission classique)… Ces sommes représentent le coût médian (2) à char ge des patients admis en chambre individuelle en 2017. Elles sont quatre à dix fois supérieures à celles déboursées par les patients qui ont opté pour une chambre à deux lits ou commune.

Beaucoup plus cher en chambre individuelle

La différence de coût selon le type de chambre ne cesse de s'accentuer au fil des ans. Toutes admissions classiques (avec nuitées) confondues, la facture moyenne du patient a encore augmenté de 1,9 % entre 2016 et 2017 en chambre individuelle. À l'inverse – bonne nouvelle – pour le patient qui a séjourné en chambre commune, la facture moyenne a diminué de 1,4% sur la même période.

Les suppléments d'honoraires facturés aux patients représentent la plus grande part du coût en chambre individuelle. Globalement, ils ont à nouveau augmenté en 2017. Très exactement de 3,5% au-delà de l’indexation pour une admission classique et de 1,7% en hospitalisation chirurgicale de jour.

Les suppléments de chambre peuvent également alourdir la facture : jusqu'à 259 euros par jour, d'après les données de facturation des membres MC qui ont accouché l'année passée. Même en hospitalisation de jour les suppléments de chambre peuvent être élevés : jusqu'à 150 euros pour une journée, sans nuitée, pour une chirurgie de la cataracte !

De grandes différences selon les hôpitaux

Pour un même type d'intervention, les pratiques peuvent fortement différer selon les hôpitaux. Par exemple, dans nombre d’établissements, l'ablation de la vésicule biliaire s'effectue quasiment exclusivement dans le cadre d'une admission classique. Or, selon les experts, dans la moitié des cas, cette intervention peut parfaitement être réalisée dans le cadre d'une hospitalisation de jour.

En termes de durée d'hospitalisation, les différences sont aussi considérables entre hôpitaux, et ce, même pour des parcours de soins généralement bien prévisibles et variant peu entre patients. Ainsi, pour une prothèse du genou, la durée de séjour varie de de 3 à 11 jours. Pour une appendicectomie, la fourchette est de 1 à 6 jours et pour un pacemaker de 2 à 10 jours.

Même constat de variations intrahospitalières concernant la part des interventions effectuées avec ou sans suppléments d'honoraires. Par ex - emple, en hospitalisation de jour, certains hôpitaux facturent des suppléments d'honoraires pour la chirurgie de la cataracte ou l'ablation du ménisque chez plus de 50% des patients, alors que la moyenne nationale est beaucoup plus basse (5% pour la chirurgie de la cataracte, 14% pour l’ablation du ménisque).

Enfin, last but not least, d'un hôpital à l'autre, pour une même intervention pratiquée avec admission en chambre individuelle, c'est en centaines d'euros que peuvent se compter les écarts entre les factures. Quel ques exemples parmi d'autres : la pose de stents en hospitalisation classique coûte (valeur médiane) 1.586 euros au CHU de Liège et 5.190 aux Cliniques Universitaires St-Luc. Une opération des varices est facturée 833 euros au CHC St-Joseph à Liège et 1.475 euros dans un établissement hospitalier du Chirec (Bruxelles). L'opération d'une hernie inguinale en admission classique revient, quant à elle, à 1.442 euros au Grand hôpital de Charleroi mais le patient qui a subi la même intervention au Chirec a déboursé le double (2.890 euros). Des chiffres qui parlent d'eux-mêmes.

La chambre à deux lits sous meilleur contrôle

Globalement, une même intervention en chambre commune ou à deux lits donne lieu à une fourchette de prix beaucoup plus étroite entre les hôpitaux, le choix du matériel médical effectué par le médecin pouvant cependant faire grimper la facture. La MC constate avec regret que certains hô - pitaux facturent des forfaits pour l’hébergement ou des suppléments de ‘confort’, sans que le patient n’ait explicitement opté pour ces ‘extras’. Une manière, sans doute, de contourner l’interdiction de porter en compte des suppléments de chambre dans ce type de chambres. La vigilance s'impose donc.


Comparer les tarifs des hôpitaux

Les informations les plus récentes sur les suppléments d'honoraires et de chambre peuvent être consultées par hôpital à l'aide de l'outil de comparaison que la MC a élaboré et mis en ligne. Choisissez un type de chambre, le type d’hospitalisation (avec ou sans nuitée) ainsi qu’un service ou une pathologie. Sélectionnez ensuite jusqu’à quatre hôpitaux. Vous recevrez le détail des coûts moyens facturés par chacun d’eux.

Rendez-vous sur www.mc.be/tarifs-hopitaux

Conseils

Un patient averti en vaut deux

> Avant l'hospitalisation

  • Demandez une estimation du coût de votre hospitalisation

Le prix du matériel médical (implant, prothèse...) peut être élevé. En chambre individuelle, les montants facturés comme suppléments d'honoraires peuvent aussi s'avérer très onéreux. Tout dépend des prestations réalisées et du pourcentage que les différents prestataires de soins appliqueront sur leurs honoraires (1).

De plus en plus d’hôpitaux disposent d’un simulateur de coûts en ligne pour les admissions et traitements les plus courants. Bien entendu, il ne s’agit là que d’une estimation, le prix réel pouvant dépendre de facteurs imprévus tels que des examens complémentaires ou des complications. N'hésitez pas non plus à demander à votre médecin ou à l'hôpital une estimation personnalisée des coûts de votre hospitalisation, avec une distinction claire entre l'admission en chambre individuelle, double ou commune. Les prestataires de soins sont légalement tenus de vous informer non seulement sur les aspects médicaux de votre traitement mais aussi sur ses conséquences financières.

  • Choisissez votre type de chambre en connaissance de cause

Le type de chambre dans laquelle vous séjournerez est déterminant pour le montant de votre facture. En effet, alors qu'ils sont interdits en chambre commune ou à deux lits, des suppléments de chambre et d'honoraires peuvent être facturés en chambre individuelle. Le choix du type de chambre vous appartient. Votre médecin n'a pas le droit de vous imposer une chambre individuelle ni de refuser de vous traiter ou de reporter le délai d'intervention parce que vous choisissez une chambre à deux lits. En cas de difficultés, contactez le service de médiation de l’hôpital ou demandez l'aide de votre mutualité.

Attention : même si vous bénéficiez d’une assurance hospitalisation, faites un choix réfléchi. Bien souvent, celle-ci fixe des plafonds d'intervention ou couvre un pourcentage maximal de suppléments d'honoraires. Et la surconsommation de chambres individuelles entraîne une hausse des primes d’assurances.

Au plus tard lors de votre admission, vous devrez compléter une "déclaration d'admission". Indiquez-y votre choix de chambre. Lisez attentivement ce document avant de le signer. Si vous n'êtes pas en mesure de lire et de signer vousmême ce document officiel, votre représentant légal peut le faire pour vous.

  • Choisissez les biens et services utiles pour vous

Les frais divers peuvent fortement faire grimper la facture. Préparez votre admission en choisissant les biens et services dont vous voulez bénéficier et qui ne font pas partie des soins médicaux (télévision, boissons, séjour d'un accompagnant...). Pour ce faire, consultez la liste des frais divers publiée sur le site Internet de l'hôpital et n'hésitez pas à poser toutes vos questions. Seuls les services ou biens que vous avez explicitement demandés peuvent vous être facturés.

> Après l'hospitalisation

  • Présentez la facture originale de l'hôpital à votre mutualité avant de payer l'hôpital. Les conseillers mutualistes de la MC vous expliqueront le contenu de votre facture et vérifieront qu'elle ne contient pas d'erreur ou de facturation illégale. Si tel est le cas, le Service Défense des membres peut contester votre facture auprès de l'hôpital. 
  • Joignez à cette facture la "demande d’intervention pour la facture d’hospitalisation" (2). Ce document vous permettra de bénéficier de l’intervention d'Hospi Solidaire, un avantage de votre assurance complémentaire. 
  • Communiquez avec l'hôpital si vous n'êtes pas en mesure de payer votre facture à temps (par exemple en attendant le remboursement de votre assurance hospitalisation, en raison de difficultés financières, de contestations, etc.).

Plus d'informations auprès des conseillers mutualistes MC, au 0800 10 9 8 7 ou sur www.mc.be/hospi


Pour en savoir plus ...

Les résultats complets du 14e baromètre hospitalier de la MC sont consultables sur www.mc.be/couts-hospitalisation.