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Le suivi par une sage-femme ? Que des avantages !

4 min.
Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Lily est née il y a quinze jours. Blottie dans les bras de James, son papa, elle dort paisiblement. Fanny les regarde tendrement. "Je suis soulagée car Lily reprend du poids et je ne dois plus suppléer, en dehors des tétées, par mon lait que j'ai tiré entre-temps", explique la jeune maman à sa sage-femme, venue pour la visite à domicile. Ce rendez-vous régulier, Fanny l'attend avec impatience. "Quand j'étais enceinte, des amies m'ont conseillée de faire appel à une sage-femme. J'ai contacté l'Arbre de Vie, une association qui regroupe des sages-femmes indépendantes en région bruxelloise".

La confiance s'est vite installée entre le couple et Marie-Christine Swennen. "Pendant la grossesse, Marie-Christine nous a conseillés et rassurés, témoigne Fanny. Elle a répondu à nos questions sur l'accouchement, l'allaitement, le retour à la maison... J'ai pratiqué des exercices de respiration, de la relaxation..." Fanny se sentait bien préparée à l'accouchement. Hélas, Lily étant en siège, une césarienne a dû être pratiquée. "J'ai du mal à faire mon deuil d'un accouchement normal, confie-t-elle. Mais ma fille va bien et c'est le plus important".

Fanny et Lily ont quitté l'hôpital au 5e jour d'admission. "Les médecins voulaient me faire sortir la veille mais j'ai protesté. Je m'en sentais incapable", raconte-t-elle.

"Lorsqu'on a accompagné une femme pendant sa grossesse, il est tout naturel de la suivre en postnatal, explique Marie-Christine Swennen. L'idéal d'ailleurs – c'est ce que l'on conseille généralement – c'est de prendre contact avec une sage-femme durant la grossesse pour se préparer au mieux à l'accouchement et organiser le suivi dès la sortie de l'hôpital (1). En l'absence de contact préalable, ce sont généralement les maternités qui nous appellent pour des mamans qui vont quitter leur service".

Cependant, certaines maternités proposent un suivi post-partum de quelques jours par des sages-femmes de leur service. C'est le cas, depuis une dizaine d'années déjà, à la Clinique St-Pierre à Ottignies. La durée moyenne de séjour y est d'ailleurs réduite par rapport à d'autres hôpitaux : trois jours pour un accouchement sans complications et cinq jours en cas de césarienne.

"Nous organisons ce suivi pour les mamans habitant dans un périmètre de quinze kilomètres, explique Véronique Fiasse, sage-femme et responsable du service. Nous intervenons jusqu'au 5e jour suivant la naissance de l'enfant. Au-delà de cette période, si cela s'avère nécessaire sur le plan médical ou si la maman souhaite poursuivre l'accompagnement, nous passons le relais à une sage-femme indépendante. Idem pour les mamans qui habitent plus loin ou qui ont eu un contact avec une sage-femme avant l’accouchement".

La première semaine, cruciale

En principe, le suivi post-partum à domicile débute dès le lendemain du retour de maternité. Les premiers jours, à chaque visite quotidienne, un examen complet de la maman et du bébé est réalisé. "L'hôpital nous fournit une fiche de liaison qui reprend les informations médicales utiles, précise Marie-Christine Swennen. On vérifie l'état de santé de la maman, on surveille l'évolution de plaies éventuelles et on réalise les soins obstétricaux nécessaires. On la conseille tout au long de l'allaitement et on l'aide en cas de difficultés. Quant au nouveau-né, on surveille systématiquement son poids, la coloration de sa peau. On observe la tétée, l'hydratation, le tonus… On vérifie si tout se passe bien du côté du cordon ombilical, des selles… Bien souvent aussi, on effectue la prise de sang destinée notamment à déceler d'éventuelles maladies congénitales (le test de guthrie, à réaliser entre 72 et 120h après la naissance - NDLR)".

Maud Thonet, sage-femme indépendante, complète : "Il arrive que la maman sorte de l'hôpital dès le 2e jour de la naissance de son bébé. Or, c'est à ce moment-là que se produit la montée de lait. Pour une femme qui n'a jamais connu cela, ce n'est pas évident du tout à gérer".

À domicile, la sage-femme répond aux questions qui surgissent de la confrontation au quotidien.

Plus qu'un suivi médical

Les compétences médicales de la sage-femme lui permettent donc de surveiller le bon état de santé de la maman et du nouveau-né, et d'assurer les soins et actes techniques nécessaires. Mais ses compétences humaines, son écoute bienveillante, ses conseils, sont tout aussi précieux au moment où les jeunes mamans – et papas – sont bien souvent désemparés voire inquiets, surtout s'il s'agit de leur 1er enfant ou d'une 1ère expérience d'allaitement. Au moment aussi où le baby blues guet te la jeune maman.

"Un des grands avantages du suivi à domicile par une sage-femme est de pouvoir aborder les questions concrètes qui surgissent de la confrontation au quotidien, par exemple, la température idéale de la chambre ou du bain, le lieu où coucher bébé, la manière de réagir aux pleurs", observe Véronique Fiasse.

Fanny peut en témoigner : "Marie-Christine nous a montré comment utiliser un bandeau de portage, donner le bain, nourrir Lily avec mon supplément de lait maternel. Sans elle, je pense que j'aurais dû arrêter l'allaitement, confie-t-elle. Le fait de savoir qu'el le vient le lendemain ou que je peux l'appeler en cas de souci me rassure".

"Les premières visites sont aussi l'occasion d'offrir un espace de parole et de donner sa place au papa, enchaîne Marie-Christine Swennen. Je lui montre comment changer son bébé, le porter, le baigner..." Maud Thonet poursuit : "À l'hôpital, les sages-femmes n'ont plus que deux, trois jours pour tout expliquer. Souvent le papa n'est pas là pour entendre les conseils ou ne se sent pas con cerné".

Passer le relais, éventuellement

À quel moment le suivi post-partum s'achève-t-il ? Il n'existe ni règles ni normes en la matière si ce n'est que des consultations postnatales sont possibles – et entièrement remboursées par l'assurances soins de santé obligatoire – jusqu'à la première année de l'enfant (2). "Au fil des jours, voire des semaines, les visites s'espacent. À un certain moment, tout naturellement, la maman ne les estime plus nécessaires, explique Maud Thonet. Parfois, elle nous rappelle pour savoir comment stopper l'allaitement par exemple."

Pour Marie-Christine Swennen, avant de quitter la famille, il importe d'aborder certains sujets comme la contraception, le suivi médical de bébé, l'accompagnement par l'ONE, les solutions de garde…, voire de s'assurer que des relais sont mis en place en cas de difficultés.