Prévention

Cancer du sein et facteurs de risque

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© Serge Manceau/Belpress
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Catherine Daloze

Catherine Daloze

Les données relatives aux cancers du sein se multiplient. La recherche poursuit l’exploration et l’affinement des traitements et de la prévention. Les facteurs susceptibles d’augmenter le risque de développer cette maladie sont mieux identifiés. Mais ils restent mal connus des principales concernées. “Connaître les facteurs de risque permet à la femme d’être proactive et de mieux gérer sa santé, si elle le souhaite, notamment en adaptant la fréquence des examens au regard du risque relatif qu’elle encourt”, indique le Docteur Fabienne Liebens, gynécologue et oncologue du CHU Saint- Pierre à Bruxelles.

Mesurer les risques

Quand on parle de “facteur de risque”, une précision essentielle s’impose. On entre dans le champ des probabilités de développer la maladie, pas dans celui des certitudes. Il s’agit pour chaque personne de les analyser, forte d’un savant dosage de vigilance et de confiance.

Certaines connaissances médicales permettent de baliser le terrain. D’abord, le risque est plus élevé pour une femme que pour un homme. En Belgique, le cancer du sein touche 9.500 femmes par an et une centaine d’hommes – on a tendance à oublier ces derniers. Ensuite, il est établi qu’avec l’âge, le risque augmente : de un pour 2.000 à 30 ans, il grimpe à un pour 13, à 70 ans.

Enfin et surtout, on distingue trois groupes de femmes à “haut risque”, précise le Docteur Liebens. “Celles porteuses d’un gène de prédisposition héréditaire au cancer du sein, celles qui ont une histoire familiale avec beaucoup de cas de cancers du sein et celles qui présentent certaines maladies bénignes du sein, considérées comme précancéreuses. Un quatrième groupe voit son risque augmenter (mais de manière moindre que les précédents) : celui des femmes présentant une densité mammaire élevée(1).”

Il est conseillé, si l’on constate plusieurs cas de cancers du sein dans sa famille et surtout s’il s’agit de parentes proches (mère, fille, sœur), d’en parler avec son médecin. “Il est le mieux à même de conseiller et de proposer éventuellement de consulter un centre spécialisé qui évaluera, avec la personne, l’opportunité de réaliser un test génétique”, recommande le Docteur Liebens, tout en précisant que pratiquer un tel test n’est jamais anodin, qu’il est important de réfléchir anticipativement aux conséquences potentielles. Médicalement parlant d’abord, une prédisposition génétique avérée posera la question douloureuse d’une chirurgie mutilante. Tandis que la sphère familiale ne sera pas épargnée par ces tests (demandes de tests auprès des proches, futures grossesses...).

Tout risque familial ne signifie pas un risque génétique. Effet du hasard, d’un mode de vie commun, facteur héréditaire ou association de ces éléments…, il n’est pas facile de le déterminer. Une chose est sûre : “le risque de développer un cancer du sein augmente si une parente au premier degré en a déjà été atteinte, en particulier si le diagnostic a été posé avant la ménopause”.

Suivre les conseils de dépistage

En Fédération Wallonie-Bruxelles, les autorités publiques organisent le “mammotest”, programme de dépistage du cancer du sein, à destination des femmes entre 50 et 69 ans. Ce sont les données de santé publique qui ont amené à organiser un dépistage systématique (tous les deux ans) pour ces femmes. Il est gratuit. Il consiste en une mammographie réalisée dans les Unités agréées, certifiées pour la qualité de l’examen (en pratiquant notamment la double lecture).

Cela ne signifie évidemment pas qu’avant 50 ans et après 70 ans, les femmes ne doivent jamais subir une mammographie de dépistage. Il revient au médecin traitant ou au gynécologue d’envisager l’opportunité d’une telle démarche. Et de prendre une décision éclairée, à la lumière notamment des facteurs de risque expliqués ci-dessus. Un équilibre à garder entre sur- et sous-traitement.

A la fois, la tâche de sensibilisation est grande, au regard des faibles taux de participation au mammotest en Régions wallonne et bruxelloise (9% de la population concernée). A la fois, il est aussi à craindre parfois un sur-diagnostic (c'est-à-dire la mise en évidence d’un cancer qui ne se serait pas manifesté en l’absence de dépistage) ou la confrontation à des faux-positifs entraînant des examens complémentaires sans déboucher sur un diagnostic de cancer. Tout l’enjeu est de “sauver les vies de quelques femmes sans soumettre à une contrainte inutile l’ensemble de celles qui n’en retireront pas de bénéfice”, remarque le professeur Anne Vandenbroucke, coordinatrice du Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers.


Veiller à son mode de vie

En termes de prévention, les soignants se coalisent autour d’un message adressé à l’ensemble des femmes : adopter une meilleure hygiène de vie en contrôlant son poids, en pratiquant régulièrement de l’activité physique, en modérant sa consommation d’alcool. L’alimentation est au cœur des déterminants de la santé, rappelle le professeur Vincent Castronovo de l’ULg.

Très pragmatique, lors d’un colloque consacré aux enjeux de la prévention et du dépistage du cancer du sein(1), il a dressé une liste de conseils : manger lentement et mastiquer, manger beaucoup de fruits et légumes, du poisson gras plusieurs fois par semaine, des aliments à base de soja, limiter la viande rouge à une fois par semaine, préférer les huiles de colza et de soja, éviter les sucres rapides, vérifier et optimiser son taux de vitamine D...