Prévention

Forte chaleur, canicule… un seul conseil : s'hydrater

5 min.
© Philippe Turpin - BELPRESS
© Philippe Turpin - BELPRESS
Baudouin Massart

Baudouin Massart

Rares sont sans doute ceux qui associent encore la canicule à l'étoile Sirius, qui se lève et se couche en même temps que le soleil entre le 20 juillet et le 20 août. Dans l'Antiquité, cette période correspondait aux jours les plus chauds de l'année. Aujourd'hui, la canicule désigne plus prosaïquement une vague de chaleur qui s'étale sur plusieurs jours. Le SPF Santé publique la définit comme "une période d’au moins trois jours consécutifs avec une température moyenne minimale (moyenne sur les trois jours et non par jour) de plus de 18,2 °C et une température moyenne maximale supérieure à 29,6 °C, valeurs relevées à Uccle". Par facilité, tout le monde s'accorde pour arrondir ces chiffres à 18 et 30°C. Entre le 15 mai et le 15 septembre, lorsque les conditions sont réunies, l’Institut royal météorologique (IRM) diffuse sur son site des avertissements de fortes chaleurs à raison de deux fois par jour sur son site Internet et les accompagne de recommandations. "Boire davantage" vient en tête de liste des conseils. Par ailleurs, lors de ces vagues de chaleurs, il peut y avoir de fortes concentrations d’ozone dans l’air. Ce gaz polluant affecte surtout les personnes souffrant de problèmes respiratoires, les personnes âgées et les jeunes enfants. La population est informée - le plus souvent par les médias - lorsque la concentration horaire moyenne d’ozone dépasse les 180 microgrammes par mètre cube d’air. Le pic d'ozone est atteint lorsque le seuil d’alerte de 240 microgrammes d’ozone par mètre cube d’air est dépassé.

Apprendre à boire avant d'avoir soif

La préoccupation principale est d'éviter que quelqu'un n'attrape un "coup de chaleur". Ce dernier se traduit par une série de symptômes : "température corporelle élevée, augmentation du rythme cardiaque, agitation inhabituelle, peau chaude, rouge et sèche, maux de tête, nausées et vomissements, convulsions, perte de conscience pouvant aller jusqu’au coma". Avant ce stade, d'autres symptômes propres à la déshydratation se manifestent : urines foncées, bouche et gorge sèches, maux de tête, crampes musculaires, vertiges, fatigue, insomnie…

Pour éviter d'en arriver à de telles extrémités, autant boire - de l'eau - avant d'avoir soif. C'est le conseil le plus souvent préconisé en période de forte chaleur. Il faut aussi s'abstenir de tout effort physique intense, tels que courir ou rouler à vélo à vive allure, par exemple. On préférera le frais au soleil, en particulier durant les heures les plus chaudes de la journée, entre 11h et 15h. Rester chez soi est la meilleure des choses à faire, en ayant pris soin, au préalable, d'avoir fermé fenêtres et rideaux, tant que la température extérieure est supérieure à la température intérieure. Il sera toujours temps de les ouvrir avec la fraicheur du soir.

Ménager les efforts

Tout doit être mis en œuvre pour ne pas transpirer inutilement. Il faut pour cela porter des vêtements légers - de couleur claire -, veiller à se rafraichir régulièrement, à l'aide d'un linge humide ou en prenant une douche. "Si vous devez quand même sortir ou aller travailler, essayez d’éviter autant que possible les périodes les plus chaudes, commencez à travailler plus tôt, faites une pause à midi et recommencez en fin d’après-midi", préconise une brochure du SPF Santé publique. Pour réussir cette sortie, une couche de crème solaire à l'indice de protection élevé et un chapeau ou une casquette ne seront pas du luxe.

Pourquoi s'encombrer d'eau ?

En voiture : parce qu'être bloqué dans un embouteillage n'a rien d'agréable, encore plus si le soleil tape et que l'on meurt de soif.

En train : parce que ce serait trop bête de se retrouver dans un train immobilisé sur une voie pendant des heures, en plein soleil, avec une climatisation inexistante.

À vélo : parce qu'il arrive souvent au cycliste de se dépenser plus que prévu.

À pied : parce qu'il serait dommage de se tromper de chemin lors d'une balade en forêt et que la promenade se transforme en calvaire.

Avec un enfant : pour toutes les raisons évoquées ci-dessus multipliées par deux, voire trois ou quatre.

Enfant buvant l'eau d'une fontaine

Prendre soin des plus fragiles

Lors des vagues de chaleur et des pics d'ozone, les autorités publiques fédérales et régionales invitent à faire preuve de solidarité avec les plus fragiles.

  • Les enfants entre 0 et 6 ans : ils risquent davantage de souffrir d’un coup de chaleur, parce que les réserves en eau de leur corps sont insuffisantes et que le mécanisme de la soif n’est pas encore totalement développé chez eux. De plus, ils ne sont pas toujours autonomes pour boire ou manifester leur malaise. Les parents, tuteurs et responsables de leur garde (ex.: moniteurs de stages sportifs ou de plaine de jeux) doivent veiller à les hydrater régulièrement. Dans la même logique, il faut éviter aux enfants une exposition prolongée au soleil ou un séjour (même bref) dans un espace confiné et trop chaud, comme une voiture non-ventilée à l'arrêt ou une chambre sans aération. Ils risquent d'être rapidement déshydratés et d'attraper un coup de chaleur. La vigilance est d'autant plus nécessaire avec les enfants souffrant d'une diarrhée – qui déshydrate rapidement en toute saison –, de vomissements ou de fièvres.
  • Les personnes âgées : avec un système de thermorégulation moins efficace et une sensibilité moindre à la chaleur, les personnes âgées ne ressentent pas forcément la nécessité de boire. Pour celles qui vivent en maisons de repos, le personnel soignant veillera à prendre les dispositions nécessaires. Pour une personne âgée vivant à domicile, d'autres mesures s'imposent. Si vous êtes concerné, avertissez vos parents, amis et voisins, pour qu'ils pensent à vous appeler plusieurs fois par jour à heure fixe, afin d'éviter que le téléphone ne sonne dans le vide et que cela ne les inquiète. Préparez une carafe d'eau, des fruits et des légumes et placez-les en évidence, vous aurez d'autant plus envie d'en consommer. Remettez un double des clés à une personne de confiance, afin qu'elle puisse entrer en cas d’urgence. Invitez un proche à passer vous rendre visite, il est toujours plus agréable de boire et manger en compagnie de quelqu'un.
  • Les personnes sans-abri : vivant à la rue, ces personnes sont davantage exposées aux risques de déshydratation, car elles ne peuvent pas toujours s'abriter du soleil ou s'approvisionner en eau. Les travailleurs de rue et le personnel des organisations qui travaillent avec les sans-abri sont sensibilisés à cette problématique. Ils prévoient une augmentation des capacités des structures d'accueil, recensent les points d'eau gratuits, les toilettes publiques, les endroits frais qui autorisent leur accès aux sans-abri. Ils apprennent également à repérer les situations à risque. 
  • À cette liste, on peut aussi ajouter les malades chroniques, les sportifs ou encore les participants à un festival ou à un événement sportif, qui se retrouveront exposés à la vague de chaleur une journée entière.

Fontaine, je boirai de ton eau

De début mai à fin septembre, les fontaines d'eau potable sont à nouveau fonctionnelles à Bruxelles. Pratiques pour le passant, le touriste ou l'enfant qui joue à la plaine de jeux, ces points d'eau sont aussi vitaux pour les sans-abri en période de forte chaleur. On en dénombre 29 dans le Pentagone bruxellois et 33 hors Pentagone. Ils sont repris sur un plan affiché dans toutes les stations du métro bruxellois et téléchargeables sur le site de l'asbl Infirmiers de rue (1).

En Wallonie, il n'existe pas un tel répertoire des sources, fontaines et autres points d'eau potable. Et pourtant, elles existent. Fin 2013, le Parlement wallon a adopté une proposition de résolution portant sur une meilleure accessibilité à l’eau potable dans les espaces publics. Ce texte demande au Gouvernement wallon :

  • "d’inciter toute Commune de la Région wallonne à répertorier les points d’eau potable publics existant sur son territoire (…)" ;
  • "d’œuvrer, en étroite collaboration avec les Communes, à une meilleure identification des points d’eau potable publics (…)" ; 
  • "d’informer, et/ou d’encourager les Communes à informer la population, et particulièrement les personnes plus fragilisées (personnes âgées, sans domicile, etc.), de la localisation des différents points d’eau potable publics (…) ". 

Reste à voir si cette proposition sera suivie d'effet. Pour le moment, seules quelques initiatives privées (2) et articles de presse répertorient les fontaines et autres sources d'eau potable en Wallonie ou au niveau local (comme, par exemple, le Relais social urbain namurois (3)). Toutefois, les informations sont parfois datées. Consultez les pictogrammes et autres plaques qui précisent d'ordinaire si l'eau est potable ou pas. Si vous n'apercevez ni l'un, ni l'autre, dans le doute, abstenez-vous.


Pour en savoir plus ...

le SPF Santé publique et le portail Action social et Santé en Wallonie regorge d'informations et de recommandations à suivre en cas de fortes chaleurs : tél. : 02/524.99.02 • www.health.belgium.be / tél. : 081/32.72.11 • http://socialsante.wallonie.be/
Pour vérifier la qualité de l'air, consultez le site Cellule interrégionale de l'environnement (CELINE) ou celui d'Air climat www.irceline.be ou http://awac.be 
Et ne négligez pas les médias et le site de l'IRM pour vous informer : www.meteo.be