Coronavirus

L'autotest, un “geste de courtoisie”

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La fiabilité d'un auto-test antigénique est de 80%. Le risque de faux résultat négatif est élevé. (c)iStock
La fiabilité d'un auto-test antigénique est de 80%. Le risque de faux résultat négatif est élevé. (c)iStock
Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Depuis début avril, il est possible de se procurer – uniquement en pharmacie – un test à réaliser et à interpréter soi-même, qui permet de savoir, en 15 à 30 minutes, si l'on est ou non porteur du virus. Le matériel de prélèvement (écouvillon nasal, capsule avec liquide, bandelette de test…) est fourni avec une notice explicative (1). Une prescription médicale n'est pas nécessaire. Pour l'heure (mi-avril), l'Agence fédérale des médicaments et produits de santé (AFPMS) a autorisé la vente aux particuliers de deux tests à usage professionnel (firmes Roche et Biosynex) et d’un autotest ayant reçu le marquage CE (Biotech) (2).

Pour les personnes en bonne santé

Avant tout, comme le précisent les autorités sur le site info-coronavirus.be, "l'autotest est à utiliser par des personnes qui ne présentent pas de symptômes de la maladie, comme geste de courtoisie vis-à-vis de leur entourage, par exemple pour protéger le contact proche qui est à risque de maladie sévère". L'autotest n'est donc pas adapté lorsqu'on présente des symptômes du coronavirus. Dans ce cas, il est nécessaire de contacter son médecin traitant qui prescrira un test PCR analysé en laboratoire (voir ci-dessous) (3). L'autotest ne peut pas non plus être utilisé à la place du test PCR dans des situations précises comme un contact à haut risque avec une personne positive au Covid-19 ou un retour d'une zone rouge à l'étranger. Enfin, il n'a pas d'utilité si l'on a eu le Covid il y a moins de trois mois (confirmé par un test PCR positif).

Pas un feu vert pour un contact sûr

Tout comme les tests antigéniques rapides utilisés par les professionnels de la santé (par exemple pour détecter les cas positifs dans des collectivités, des entreprises ou des écoles), les autotests sont moins sensibles et fiables que les tests PCR de laboratoire classiques. Avec l'autotest, le risque de faux résultat négatif est considérable. Dans un cas sur cinq, l'autotest peut indiquer que l'on n'est pas porteur du virus, alors qu'on l'est (4). Une quantité relativement importante de particules virales doit être présente pour que le test fonctionne de manière optimale. Le test ne détecte donc pas les personnes nouvellement infectées. Par ailleurs, le prélèvement avec l'écouvillon dans le nez est souvent moins profond. Enfin, encore faut-il aussi que l'utilisateur effectue la manipulation correctement...
C'est pourquoi, même avec un résultat négatif, il reste particulièrement important de continuer à appliquer les mesures d'hygiène et les gestes barrières. "Il y a un risque de créer un faux sentiment de sécurité, craint Julie Frère, porte-parole de Test-Achats. On risque potentiellement d’obtenir le résultat inverse à celui espéré et d’avoir plus de contaminations".

S'informer auprès du pharmacien

Les autorités ont décidé de réserver la vente des autotests aux seuls pharmaciens. Ils sont en effet les mieux placés pour fournir verbalement toutes les informations nécessaires pour effectuer et interpréter correctement le test. Ils rappelleront aussi qu'en cas de résultat positif, il est nécessaire de se placer en isolement (7 jours minimum), de contacter son médecin et d'effectuer un test PCR de confirmation.
Afin de renforcer l'accès des autotests aux personnes à faibles revenus, l'assurance soins de santé rembourse aux bénéficiaires de l'intervention majorée (Bim) un maximum de deux tests par personne et par semaine. L’achat de plusieurs autotests à la fois peut être réalisé pour maximum deux semaines. Le pharmacien vérifie l’identité du patient et le fait qu’il bénéficie de l'intervention majorée. Dans ce cas, celui-ci ne paie que sa quote-part personnelle, de 1 euro le test. Pour les autres patients, l’autotest coûte environ 8 euros.


(1) Une vidéo explicative est aussi disponible sur info-coronavirus.be.
(2) Plus d'infos sur le site afmps.be.
(3) À Bruxelles, en cas de symptômes du Covid-19, il est possible de bénéficier d'un test PCR remboursé dans un centre de test covid sans prescription médicale. Plus d'infos sur brussels.testcovid.be.
(4) Source : notice de l’autotest de SD Biosensor (Roche).

PCR, antigéniques et sérologiques

Les tests PCR analysés en laboratoire – qui détectent l'ARN du virus - restent LA référence pour savoir si une personne est porteuse du Covid-19, car ils ont la fiabilité la plus élevée.
Mais des tests antigéniques rapides - qui détectent les protéines (antigènes) du virus - sont de plus en plus utilisés par les professionnels de la santé dans une série de situations : personnes symptomatiques depuis moins de 5 jours, investigation de clusters, dépistage répété de personnes asymptomatiques susceptibles d'infecter de nombreux contacts, dépistage ponctuel dans certains contextes… Les autotests antigéniques rapides sont les derniers invités dans la stratégie de testing mise en place par les autorités politiques pour combattre le coronavirus.
Ces tests de détection du virus, le plus souvent réalisés avec un écouvillon nasal (parfois avec de la salive) ne sont pas à confondre avec les tests d'anticorps (ou tests sérologiques) qui utilisent une goutte de sang et détectent les anticorps que l'organisme fabrique lui-même contre le virus. Le test d’anticorps révèle si la personne a été en contact avec le virus mais il ne permet pas de savoir si elle est (encore) contagieuse ni si le virus est encore présent. Les anticorps qui apparaissent après la vaccination peuvent également être détectés par un tel test dans certains cas.