Prévention

Rhume n'est pas grippe

6 min.
© Pixabay
© Pixabay
Mon Généraliste et Philippe Lamotte

Mon Généraliste et Philippe Lamotte

Ah, les rhumes d'automne…

Si au moins ils nous fichaient la paix une fois leurs méfaits accomplis… Mais non, ils frappent à répétition, nous enquiquinant pendant tout l'hiver et parfois bien au-delà. Les nourrissons et les jeunes enfants – la tranche d'âge la plus fragile, en raison de l'immaturité de leur système immunitaire – en connaissent jusqu'à dix par an avant leur deuxième anniversaire. Les adultes, eux, sont frappés en moyenne deux ou trois fois par année.

On dit parfois que se refroidir les extrémités ou garder la tête mouil lée à l'extérieur nous précipite à coup sûr vers cette affection très fréquente. Ce n'est pas tout à fait exact. Pour s'enrhumer, il faut en effet qu'un agent infectieux s'en prenne à notre organisme, en l'occurrence un virus. Mais il est vrai que le froid est suspecté de faire baisser temporairement le niveau de nos défenses immunitaires, permettant au virus de s'installer plus confortablement dans la place, c'est-à-dire les muqueuses du nez, des yeux ou de la gorge. La victime est alors bonne pour une panoplie de symptômes, dont les plus fréquents sont les éternuements, la sensation de nez bouché, les écoulements nasaux qui obligent à se moucher, le mal de gorge, voire un peu de conjonctivite. Parfois, une légère fièvre s'y ajoute, de même que de la fatigue. La différence avec la grippe ? Les symptômes sont souvent plus "légers". Et le nez coule abondamment, au point que l'écoulement s'épaissit et se colore parfois jusqu'au verdâtre. Les symptômes du rhume durent en général trois à sept jours. Rarement plus de deux semaines.

Gare à la contagion !

Le rhume est très contagieux. Le virus se transmet par des gouttelettes contaminées projetées par les personnes enrhumées lorsqu'elles toussent ou éternuent. Leurs mains contaminées et les objets qu'elles ont touchés peuvent aussi être porteuses du virus.

Faut-il se ruer chez son médecin en cas de rhume ? Non. En soi, la rhinite ne nécessite pas de consultation médicale car elle ne présente pas de risques de complication. Toutefois, elle fragilise les muqueuses. Celles-ci courent le risque d'être colonisées par des bactéries qui, elles, posent davantage de problèmes. Si les symptômes du rhume durent plus longtemps que les laps de temps mentionnés ci-dessus, c'est qu'il y a surinfection bactérienne. C'est également le cas si la fièvre ou des douleurs persistent ou réapparaissent. Tous ces signes doivent pousser à la vigilance. Ils peuvent indiquer l'apparition d'autres maladies comme la sinusite (maux de tête), la pharyngite (mal à la gorge) ou la bronchite (toux). Et, chez les enfants de moins de cinq ans, une otite ou une bronchiolite. Dans ce type de situation, et particulièrement chez un enfant, la consultation du médecin généraliste s'impose.

Comment le prévenir ?

De l'automne à la fin du printemps, le risque de rencontrer un virus du rhume augmente. C'est probablement dû au fait que nous vivons davantage à l'intérieur des bâtiments à cette époque de l'année, ce qui favorise la contagion. Autre explication probable : en chauffant les pièces de vie, nous asséchons l'air et nous fragilisons nos muqueuses.

"Attraper" un rhume n'est pas une fatalité. S'il existe une règle fondamentale de base pour le prévenir, c'est le lavage régulier des mains. Il est également recommandé de garder ses distances avec les personnes enrhumées. Et de se couvrir la bouche et le nez en cas de toux ou d'éternuement. La cigarette et toute forme de combustion de tabac irritent les voies respiratoires, augmentant le risque d'infections et de complications. En revanche, le recours à une alimentation saine et la pratique régulière d'activités physiques améliorent la résistance aux infections.

Comment le soulager ?

Il faut le répéter avec force : utiliser des antibiotiques contre un rhume est une ineptie. Combattre un virus de cette manière est totalement inutile. Faut-il pour autant se résigner à cette boutade selon laquelle un rhume bien traité dure sept jours et un rhume non traité dure… une semaine ? Non. On peut rendre cette affection plus supportable par diverses mesures :

  • Prendre du repos dans un environnement chaud mais pas trop sec (taux idéal d'humidité de l'air : entre 40 et 60 %). 
  • Boire au moins deux litres d’eau par jour. 
  • Se moucher régulièrement et, si l'on craint les gerçures à la base du nez, avoir recours à une crème grasse pour protéger la peau.
  • Utiliser du sérum physiologique (quelques gouttes dans chaque narine pour éliminer les sécrétions), préférable aux sprays décongestionnants. Ces derniers soulagent vite mais créent rapidement une dépendance en cas d'usage prolongé. Le sérum physiologique peut être concocté à la maison, mais doit être renouvelé tous les trois jours. 
  • Les sirops peuvent soulager une toux sèche, mais ils sont formellement contre-indiqués chez les enfants de moins de deux ans et déconseillés jusque six ans. 
  • Les remèdes naturels semblent avoir de l'effet, comme les sirops de thym ou de sureau avec du miel. Les inhalations de vapeur d'eau (éventuellement avec du thym ou de l'eucalyptus), d'une simplicité inégalée, sont également appropriées. Attention à ne pas se brûler ! 
  • En cas de fièvre gênante et de maux de tête, la prise de paracétamol apporte un soulagement. Les adultes peuvent aussi prendre de l'aspirine s'il n'y a pas de contre-indications à ce médicament.

Bon à savoir :

Deux virus différents peuvent provoquer deux rhumes successifs. Et comme le rhume peut être provoqué par une bonne centaine de virus différents… Bonne nouvelle, toutefois : notre système immunitaire est en principe capable d'éliminer ces virus en quelques heures ou en quelques jours. Mais pas toujours…

Brèves santé

> Bientôt, la grippe ? 

Malgré sa fréquence, la grippe n'est pas une maladie banale. Elle est, certes, bénigne la plupart du temps chez des individus jeunes et en bonne santé. Mais elle peut avoir des conséquences redoutables chez les personnes à risques. L'annonce de l'hiver est donc une période idéale pour se faire vacciner, particulièrement chez les personnes âgées de plus de 65 ans, les personnes souffrant d'une maladie chronique, les femmes enceintes, le personnel impliqué dans les institutions de soins et les collectivités, etc. Idéalement administré entre la mi-octobre et la fin novembre, le vaccin offre une protection à partir de dix à quinze jours après l'injection et au moins jusqu'à la fin de l'hiver. Les vaccins proposés en Belgique sont inactivés et sans adjuvants. "Inactivés" signifie qu'ils ont perdu leur pouvoir pathogène, mais ont conservé leur pouvoir immunitaire. Sur base des données disponibles sur la vaccination saisonnière des enfants, le Conseil supérieur de la santé estime qu'il n'est pas indiqué de proposer la généralisation de la vaccination chez les enfants sains.
 

> Papillomavirus : les garçons aussi

Depuis une dizaine d'années, les connaissances scientifiques sur les papillomavirus ont sensiblement progressé. On sait désormais qu'ils ne sont pas seulement responsables du cancer de l'utérus, mais aussi d'autres formes de cancer comme ceux de la vulve et du vagin, du pénis, de l'anus et d'une partie des cancers de l'oropharynx. Au total, 33% des cancers causés par les papillomavirus concernent des hommes. C'est en raison de ces nouveaux constats que le Conseil supérieur de la santé vient d'élargir aux hommes ses recommandations de vaccination. Le schéma vaccinal concerne désormais les adolescents et les adolescentes âgé(e) de 9 à 14 ans, avec une vaccination de rattrapage des jeunes hommes et jeunes femmes de 15 à 26 ans. Un tel schéma est également appelé à favoriser la prévention des verrues anogénitales. Précision importante : le dépistage systématique du (pré)cancer du col de l'utérus reste nécessaire tant pour les femmes vaccinées que pour les non-vaccinées.
 

> Les opioïdes en excès

Chargé de l'utilisation optimale du budget des soins de santé et de l'assurance indemnités, le Service d'évaluation et de contrôle médicaux (SECM) de l'INAMI s'inquiète de l'augmentation significative de la consommation de cinq opioïdes en Belgique (1). Ces antidouleurs à base de morphine sont certes efficaces contre la douleur, mais ils peuvent aussi avoir des effets secondaires nombreux et préjudiciables : accoutumance, dépendances physique et psychique, symptômes de manque lors du sevrage, hyperalgie (perception accentuée de la douleur), etc. Or, près d'1,2 million de Belges en ont consommé au moins une fois en 2016. Surtout, c'est l'augmentation des "grands consommateurs chroniques" qui inquiète le SECM, car leur nombre a crû de 28 % en six ans, y compris parmi les moins de cinquante ans (une personne sur cinq). Ses experts pointent du doigt le phénomène de shopping médical, par lequel les patients se font prescrire les opioïdes par plusieurs médecins et les acquièrent dans plusieurs pharmacies, sans qu'une vue d'ensemble de leur consommation soit possible. Près de 1.200 pati - ents ont par exemple consulté plus de 10 médecins et/ou pharmaciens (certains plus de 20) pour se procurer ces antidouleurs. La consommation totale des cinq opioïdes a coûté 55,4 millions d'euros à l'assurance soins de santé. Le SECM y va de ses recommandations pour limiter le phénomène de shopping, parmi lesquelles la mise à disposition de profils de médicaments délivrés par patient et le renforcement de la sensibilisation des dispensateurs de soins.
 

Pour en savoir plus ...

Mongeneraliste.be

Pour mieux comprendre la santé et celle de votre entourage, consultez le site www.mongeneraliste.be, partenaire de la MC. Réalisé par des médecins de famille, il offre une information sérieuse et validée.