Santé mentale

Santé mentale : quel bilan pour la réforme ?        

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Julien Marteleur

Julien Marteleur

En janvier 2024, une nouvelle convention "soins psychologiques" sera signée entre l'Inami et les réseaux de santé mentale. Elle s'affiche en droite ligne du travail entamé il y a 4 ans pour réformer le secteur. L'objectif ? Rendre les consultations chez les psychologues plus accessibles en abaissant les seuils financiers et pratiques, ainsi que la stigmatisation autour de ce type de soins. Entre 2019 et 2022, les conditions de remboursement ont été assouplies à plusieurs reprises pour toucher le plus grand nombre : limites d’âges supprimées, augmentation du nombre de séances remboursées par an, etc. Suffisant pour rencontrer l'ensemble des besoins dans une société où la santé mentale a été mise à mal par la crise du Covid et où les inégalités de santé sont grandissantes ?  

Au bénéfice des moins favorisés 
"Les données de la MC indiquent que davantage de personnes socio-économiquement défavorisées ont recours aux soins grâce à cette réforme, précise la chercheuse Clara Noirhomme. C'est positif, car les groupes à plus faibles revenus font partie de ceux les plus vulnérables psychologiquement et qui rencontrent le plus de freins pour accéder aux soins." Concernant le nombre de séances, près d'un tiers des patients ont recours à la fois à des consultations en première ligne et spécialisées.

La réforme est assurément un pas en avant pour un meilleur accès aux soins de santé mentale.

"Le nombre de séances de première ligne remboursées n'est parfois pas suffisant pour assurer le suivi des patients. C'est pourquoi nous recommandons d'augmenter le nombre de séances maximum à vingt sur l'année. Aussi, pour améliorer davantage l'accessibilité financière des soins, nous proposons d'abaisser le ticket modérateur pour les adultes BIM à 1,5 euro (contre 4 actuellement) et à 6 euros pour les non-BIM (au lieu de 11 euros), et de le supprimer complètement pour les patients enfants et adolescents", suggère la MC dans son étude. 

Un réseau saturé 
La réforme est assurément un pas en avant pour un meilleur accès aux soins de santé mentale. À l’heure actuelle, une proportion non négligeable de la population (9 %) rapporte encore des besoins non-rencontrés, selon l’étude de la MC et de Sciensano. Outre l'aspect pécunier, c'est surtout la difficulté à franchir le pas pour chercher de l’aide et mettre en place un suivi qui est mentionné pour expliquer le non-recours aux soins. "Selon les chiffres de Sciensano, 65% des femmes de 18 à 29 ans en situation de difficulté financièreont besoin d'aide psychologique et la moitié d’entre elles ne trouvent pas leur chemin jusqu’à cette aide, indique Clara Noirhomme. Avant l’arrivée de la convention, l'offre ambulatoire remboursée (en cabinet, NDLR) est encore limitée, quand elle n'est pas tout bonnement saturée. Chez les psychiatres et dans les services de santé mentale (SSM), les délais sont souvent très longs. Résultat : les soins les plus utilisés restent les antidépresseurs, surtout par les femmes ayant de faibles revenus et généralement sans recours à la psychothérapie." Mais la chercheuse reste positive : "La réforme souhaite rendre les soins plus mobiles et développer l’offre psychologique dans des 'lieux de rencontre' (écoles, pratiques groupées, CPAS, etc.) pour créer des ponts d'accessibilité. Cette mesure ne peut à elle seule combler tous les besoins en la matière, mais c’est une grande étape qui mérite encore davantage d'investissement." 

La réforme en pratique

Deux types de soins psychologiques (conventionnés) sont concernés. Pour les soins de 1ère ligne (problèmes légers à modérés), les adultes peuvent bénéficier de 8 séances et les enfants et adolescents jusque 23 ans de 10 séances. Concernant les soins spécialisés (problèmes modérément sévères) les enfants et adultes ont droit à 20 séances remboursées.  

La première séance est gratuite, les autres coûtent 11 euros (4 euros pour les BIM). Les séances de groupe, elles, sont plafonnées à 2,5 euros.       

En outre, si vous consultez un psychologue non-conventionné, la MC rembourse jusqu'à 20 euros par séance (individuelle, familiale, de couple…), avec un plafond de 360 euros par an et par personne.