Soins de santé

La logopédie plus chère pour les patients

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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

C'est à un séisme auquel on a assisté au mois de juillet. Jusqu'à présent, quasi la totalité des logopèdes étaient conventionnés et suivaient donc les tarifs officiels de l'Inami. Aujourd’hui, ils sont devenus une minorité : seulement 4 logopèdes sur 10 ont adhéré à l'actuelle convention. Ce qui n'est pas sans conséquence pour les patients.

Chez le logopède conventionné, le tarif est de 29,28 euros la séance de 30 minutes. L’assurance soins de santé obligatoire prend en charge 23,78 euros et les 5,50 euros restants sont à la charge du patient. Le logopède qui n'est pas conventionné peut facturer un supplément qui s’élèvera probablement à 4,12 euros (pour atteindre l'honoraire tel que souhaité), ce qui porte le coût total pour le patient à 9,62 euros par séance. À noter que pour le patient ayant droit à l'intervention majorée (statut BIM), rien ne change. Le logopède doit appliquer les tarifs officiels même s'il n'est pas conventionné. Et le patient BIM débourse 2 euros pour une séance de 30 minutes.

"Le coût de la logopédie augmentera fortement pour de nombreux patients, s'inquiète Elisabeth Degryse, vice-présidente de la MC. Des enfants vont chez le(la) logopède plusieurs fois par semaine. Les montants s'additionnent alors rapidement. On sait que la logopédie est l’une des dépenses de santé à laquelle les familles renoncent en premier lieu, en raison du coût et du nombre de séances nécessaire au traitement".

Pourquoi ce déconventionnement massif ? En fait, les mutualités et les associations professionnelles de logopèdes s'étaient accordées sur un honoraire raisonnable de 33,40 euros pour une séance de 30 minutes (au lieu de 29,28 euros). Mais pour les mutualités, débloquer 32 millions d’euros par an pour concrétiser immédiatement et totalement cette revalorisation n'était pas réaliste. L'enveloppe budgétaire consacrée à la logopédie ne le permet pas. Sauf à renoncer à la prise en charge de nouveaux besoins de traitements. "Revaloriser la rémunération des logopèdes est nécessaire, reconnait Elisabeth Degryse. Mais nous regrettons que les patients doivent en assumer le coût. Nous souhaitons parvenir à une solution négociée car nous ne voulons pas arriver à une médecine à deux vitesses."