Soins de santé

Les allergies chez les petits

5 min.
© iStock
© iStock
Mathieu Stassart

Mathieu Stassart

En Marche : les allergies alimentaires, ça commence à quel âge ?

Françoise Smets : Elles se manifestent depuis les premiers jours et, pour la plupart, disparaissent dans les cinq premières années de vie. L'enfant n'est jamais allergique au lait maternel mais peut développer une allergie à des aliments consommés par la maman et présents dans son lait. Le coupable le plus fréquent ? Le lait de vache. Les autres allergènes fréquents sont le soja, l'œuf, le blé, le poisson et tous les fruits à coque (amande, noisettes, noix, noix de cajou, pistaches, etc.).

EM : Comment reconnaitre une allergie ?

FS : Les symptômes d'une allergie peuvent être d'ordre cutané, digestif, respiratoire, ORL ou général… Mais aucun n'est spécifique à une allergie. Ce qui rend celles-ci compliquées à déceler. L'eczéma – par exemple – peut être associé à une allergie, mais pas toujours. Parfois, les parents cherchent une allergie là où il n'y en a pas.

EM : Si on pense que son enfant est allergique, que faire ?

FS : La meilleure chose à faire reste d'en parler au pédiatre ou au médecin de famille. Beaucoup d'allergies infantiles ne peuvent être détectées au moyen de tests. Donc, on procède à un diagnostic différentiel pour voir si les symptômes sont liés ou non à une allergie. On commence par  retirer l'aliment suspect du régime alimentaire. Si l'allergie disparait, on ré-introduit l'aliment et on observe la réapparition des symptômes. Cette méthode permet d'être certain que l'allergie est bien liée à l'aliment suspecté. Évidemment, dans les cas les plus graves - comme après un choc anaphylactique – on évite de redonner l'aliment incriminé à l'enfant.

EM : Faut-il agir préventivement ?

FS : De manière générale, il ne faut suspecter une allergie que s'il y a des symptômes. Si l'enfant ne se plaint pas, rien de sert de s'alarmer. On voit trop souvent des parents eux-mêmes allergiques ou ayant entendu parler d'allergies venir en consultation avec des enfants en parfaite santé. Attention également à l'excès de précaution induisant des réponses du type : "si l''enfant est allergique au lait, il faut être prudent et ne pas introduire les autres allergènes fréquents avant l'âge d'un ou deux ans. S'il y a des antécédents familiaux, il faut faire attention aussi." On s'est rendu compte que cette méthode ne fonctionne pas.  Des études récentes indiquent même le contraire. Chez certains nourrissons présentant déjà une autre allergie, l’allergie à l'arachide se manifeste moins fréquemment chez ceux qui en ont reçu tôt que chez ceux qui ont évité d'en prendre. Entre 4 et 6 mois, il y a donc un véritable intérêt à diversifier le plus possible l'alimentation, en y incluant les aliments allergisants. La seule astuce, c'est de ne pas commencer tout en même temps, sinon on ne sait pas déceler à quoi l'enfant réagit potentiellement mal.

EM : Comment s'adapter aux allergies, à la maison et à l'école ?

FS : Pour les tout-petits (en dessous de 18 à 24 mois), il existe des formules de lait où les protéines – qui provoquent l'allergie – ont été prédécoupées et rendues inoffensives. Si l'enfant reste allergique en grandissant, les produits à base de soja représentent une bonne alternative. Par contre, les autres « laits » végétaux (riz, amande, noisette, etc.) ne sont pas du tout adaptés aux enfants en croissance. Dans le cadre scolaire, le médecin qui suit l'enfant réalise un suivi annuel reprenant tout ce que l'enfant doit éviter. Il prescrit éventuellement une trousse d'urgence et son mode d'emploi. En général, les parents rencontrent les professeurs pour s'assurer que les enfants n'échangent pas la collation avec leur copain. Lorsqu'il y a un goûter d'anniversaire, on peut également prévoir une part de gâteau spéciale. C'est une question d'organisation. 

Plus vite l'enfant adopte lui-même les bons gestes, mieux on évitera les erreurs. Grâce à des jeux ou des pictogrammes, on peut rapidement lui montrer tout ce qui est susceptible de contenir du lait, par exemple. Car pour lui, savoir qu'il y en a dans le fromage ou dans un biscuit ne va pas de soi. 

EM : Quand faut-il s'adresser à un diététicien ?

FS :  Quand il y a plusieurs allergènes à éviter ou quand des aliments aussi importants que les produits laitiers doivent être supprimés et qu'on n’a pas trouvé d'alternative valable. Le diététicien s'assure ainsi que l'enfant couvre tous ses apports nutritionnels. Il aide les parents à reconnaitre tous les synonymes de l'allergène et à bien déchiffrer les étiquettes. Enfin, il conseille les produits de substitution adéquats.

Un dossier pédagogique

Les services Promusport et Infor Santé viennent d'éditer un nouveau dossier pédagogique consacré aux allergies. En 72 pages joliment illustrées, "Les colles des petits allergiques" fait le tour complet du sujet.

L’allergie alimentaire est en pleine expansion, que ce soit au niveau des aliments allergènes ou des populations touchées. Si 2 à 3 % des adultes sont concernés, on estime que 6 à 8 % des enfants en souffrent (1). Pour l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), il s’agit du 4e problème de santé publique au niveau mondial.

L’allergie peut altérer la qualité de vie de l’enfant et de sa famille en se répercutant sur les plans diététique, psychologique, social et financier. Il est donc important que la démarche diagnostique soit correctement menée afin de ne pas confondre une allergie avec une intolérance alimentaire dont les prises en charge sont différentes.

La théorie … et la pratique

"Les colles des petits allergiques" vise plusieurs objectifs : favoriser la circulation de l’information et le dialogue entre les parents, l’équipe éducative et les enfants. Il a également pour ambition de protéger l’enfant et de l’aider à s’intégrer dans le groupe classe, dans son l’école… Une première partie théorique est consacrée à la façon dont le corps réagit à une allergie, pointe les aliments incriminés, les différents types d'allergies ou d'intolérances et leurs symptômes.

Une seconde partie aborde les situations de la vie quotidienne, la prise en charge des symptômes, l'organisation pratique à la maison ou à l'école ainsi que les étiquettes alimentaires. Des témoignages et des recettes variées viennent agrémenter cet outil plus que complet.

Impacts au quotidien

Pour un enfant, vivre avec une allergie alimentaire est sans aucun doute contraignant. Lorsqu’une allergie est diagnostiquée, c’est le quotidien de toute la famille qui est bouleversé ! Elle exige une vigilance constante de la part des parents et de l’entourage. Outre le régime d’éviction de l’allergène, c’est tout un ensemble de "comportements" qui doivent être adoptés. Il faut apprendre à décoder les étiquettes pour identifier l’allergène, adapter les recettes, anticiper les sorties…

L’allergie peut également engendrer de l’appréhension et de la frustration chez les enfants, notamment lors de repas pris en collectivité comme les goûters d’anniversaires, les fêtes de familles ou les sorties au restaurant. Afin que les repas puissent rester des moments de plaisir et de convivialité, les auteurs ont rassemblé des recettes gourmandes évitant certains allergènes et faciles à réaliser en classe ou à la maison. Une partie de celles-ci ont été élaborées par le chef Alain Boschman, qui a accepté de mettre son talent au service de cet ouvrage. Même si elles ne conviendront pas à tous, ces recettes apporteront davantage de goût et de créativité dans l’alimentation quotidienne des enfants allergiques et de leurs proches. 

>> Pour commander le dossier, contactez le service Infor Santé le plus proche de chez vous : 02/246.48.51 • infor.sante@mc.be • ou auprès de votre conseiller mutualiste MC.