Maladies chroniques

Éviter les complications du diabète

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Joëlle Delvaux avec mongeneraliste.be

Joëlle Delvaux avec mongeneraliste.be

600.000 personnes seraient diabétiques en Belgique, dont la moitié ignore qu'elles en sont atteintes. Et pour cause : les symptômes du diabète de type 2 peuvent être légers, voire carrément absents pendant une longue période. "On peut donc être diabétique sans le savoir, et ce, depuis des années, souligne l'association belge du diabète. Comme on ne ressent aucune douleur, on ne réalise pas la gravité de cette pathologie silencieuse ni ses effets dévastateurs à long terme", ajoute-t-elle.

Certes, le diabète est une maladie chronique. Mais une prise en charge précoce et adéquate offre le plus de chances d’éviter ou de retarder l’apparition de complications. D'où l'importance, si l'on se trouve dans un groupe à risques ou si certains signes se manifestent, de réaliser un dépistage (lire ci-contre). D'où l'in - térêt aussi, pour le patient dont le diabète est récent, de s'impliquer au maximum dans son traitement et le suivi de sa maladie.

C'est pour l'encourager dans cette voie qu'une nouvelle réglementation entre en vigueur ce 1er mai. Le dispositif du pré-trajet de soins complète les deux programmes existants qui contribuent à la qualité des soins pour les patients atteints de diabète, à savoir :

  • le trajet de soins qui vise les patients ayant un diabète de type 2 , contraints de passer à l’insuline; 
  • la convention diabète qui vise tant les patients atteints de diabète de type 1 que ceux atteints de diabète de type 2 ayant des besoins en soins plus importants.

Gérer au mieux le diabète

Le traitement du diabète de type 2 repose avant tout sur la gestion de l'excès de poids (en corrigeant les erreurs et mauvaises habitudes alimentaires) et sur la pratique régulière d'une activité physique. Ces deux mesures sont éventuellement complétées par des médicaments qui, soit réduiront la résistance des cellules à l'action de l'insuline, soit stimuleront le pancréas pour qu'il produise davantage d'insuline.

Dans cette optique, le pré-trajet de soins prévoit tant un suivi médical qu'un soutien éducatif sur l’alimentation, l’exercice physique, l’arrêt du tabagisme, l’importance des soins de la bouche… Et comme le manque d’observance thérapeutique est souvent la cause des résultats insuffisants d’un traitement, un suivi de la prescription peut s'avérer bénéfique.

Autour du médecin traitant, peuvent faire partie de l’équipe multidisciplinaire l’infirmier, le pharmacien, le diététicien, l’éducateur en diabétologie et le kinésithérapeute. Après avoir élaboré un plan de soins avec son médecin, le patient pourra choisir des séances ciblées sur tel ou tel point, en fonction de ses besoins et souhaits. En un mot comme en cent, le patient a tout à gagner d'un accompagnement sur mesure.

Quand se faire dépister ?

Avec l’excès de poids et l’accumulation de graisses dans les organes, le corps devient progressivement incapable de bien utiliser le glucose (le sucre qui circule dans notre sang). S’il n’y a aucun signe apparent, cela ne veut pas dire que le diabète est bénin : l’excès de sucre dans le sang provoque progressivement des dégâts dans divers organes. Ce sont parfois ces complications qui attirent l’attention sur la maladie : baisse de la vue, perte de sensibilité de la peau (jambes et pieds surtout), mauvaise cicatrisation des blessures… Parfois, des signes liés à l’excès de glucose dans le sang (hyperglycémie) permettent le diagnostic : envie fréquente d’uriner, augmentation de la soif et de la faim, fatigue inexpliquée, perte de poids…

Un dépistage est utile chez les personnes à risque accru de faire un diabète. L'évaluation de celui-ci est généralement recommandée dès l'âge de 40 ans, parfois plus tôt. Les éléments suivants augmentent le risque de diabète :

  • l'âge, 
  • l'excès de poids, calculé en fonction de l'indice de masse corporelle (IMC), 
  • un tour de taille supérieur à 102 cm chez l'homme et à 88 cm chez la femme, 
  • la prise de médicaments pour soigner une hypertension, 
  • une insuffisance d'activité physique quotidienne et de consommation de fruits et légumes,
  • les antécédents de diabète dans la famille, 
  • les antécédents d'excès de sucre dans le sang (diabète pendant une grossesse ou apparu lors d’une intervention chirurgicale et ayant disparu ensuite).

Le dépistage consiste en une mesure de la glycémie (taux de sucre dans le sang) sur un échantillon de sang prélevé à jeun. Chez une personne à risque accru, si le résultat est normal, le dépistage devrait être répété tous les 3 ans (tous les ans en cas de risque élevé). Un dépistage est aussi recommandé aux personnes qui présentent des signes faisant penser au diabète, en cas de prise de certains médicaments (cortisone) ou d'atteinte du pancréas (alcoolisme notamment).

Peut-on éviter le diabète ?

Adopter un mode de vie sain permet de diminuer fortement le risque de diabète de type 2 :

  • Pratiquer une activité physique tous les jours pendant 30 minutes au moins.
  • Avoir une alimentation variée et équilibrée. 
  • Prendre 3 repas par jour à des heures régulières. 
  • Manger beaucoup d’aliments riches en fibres (céréales complètes, légumes, fruits). 
  • Manger peu d’aliments contenant des graisses animales (charcuterie, viandes grasses, beurre, pâtisseries, préparations industrielles…). 
  • Manger avec modération les aliments contenant des sucres ajoutés. Ces habitudes de vie suffisent généralement à garder un poids normal (IMC entre 20 et 25), ce qui est une bonne assurance vis-à-vis du risque de diabète.

Témoignage

"Ma vie a changé"

Jean-Arthur, 54 ans, a appris son diabète il y a quelques mois. Un diagnostic qui lui a servi d'électrochoc.

EM : Comment avez-vous découvert votre diabète ?

JA : Par hasard. J'ai consulté un neurologue car je m'inquiétais de pertes de mémoire, de distractions. Je me sentais aussi dans un état de fatigue générale. Le médecin m'a prescrit une prise de sang qui a révélé une glycémie élevée. Cela faisait des années que mon généraliste me conseillait une analyse sanguine mais je reportais à chaque fois. Apparemment, d'ailleurs, mon diabète n'est pas tout récent.

EM : Comment avez-vous réagi ?

J-A : J'ai tout de suite consulté mon généraliste qui, depuis, me suit de près. J'ai fait des recherches pour en savoir plus sur la maladie. J'ai compris à quel point le diabète a un impact sur plein d'organes. Je me suis dit que je n'avais pas le choix. J'aime la vie et j'ai décidé de tout faire pour vivre en meilleure santé possible.

EM : Concrètement ?

J-A : Je suis scrupuleusement le traitement médicamenteux et les recommandations de mon médecin. J'ai aussi consulté une diététicienne. J'ai banni le sucre, les aliments trop gras et les plats tout faits, l'alcool aussi. Je mange plus de fruits et légumes. J'ai perdu 15 kilos en cinq mois et je me sens beaucoup mieux. Je bouge plus qu'avant aussi : du vélo d'appartement, des randonnées. Je compte aller dans une salle de sport mais jusqu'ici, j'ai surtout axé les changements sur l'alimentation.

EM : C'est important pour vous d'être soutenu ?

J-A : Oui. Et je le suis, aussi bien par le corps médical que par ma famille. Mais je ne veux pas imposer mes choix alimentaires ni culpabiliser ceux qui ne mangent pas sainement. Comme je veux mettre toutes les chances de mon côté, je suis intéressé par tester le nouveau pré-trajet de soins.

Le pré-trajet de soins en pratique

• Qui est concerné ?

Le patient doit remplir plusieurs conditions :

  • être diabétique de type 2 ; 
  • être âgé entre 15 et 69 ans ; 
  • avoir un risque cardiovasculaire, soit en raison d'un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 ; soit en raison d'une hypertension artérielle ; 
  • avoir confié la gestion de son dossier médical global à son médecin traitant ; 
  • être inscrit par son généraliste dans un programme de suivi du patient diabétique.

• Quelles sont les prestations d’éducation au diabète possibles ?

  • Les informations sur la maladie et le mode de vie à adopter (par l'éducateur en diabétologie). 
  • Les conseils relatifs à l'alimentation (par le diététicien). 
  • Le bon usage du traitement médicamenteux (par le pharmacien). 
  • Les conseils et exercices pour bouger et pratiquer une activité physique (par le kinésithérapeute). 
  • Le soutien à l'autogestion de la maladie (par l'infirmier).

• Comment les séances sont-elles organisées ?

L'éducation au diabète peut être donnée lors de séances individuelles (de 30 minutes) ou de groupe (de deux heures). Toutefois, les séances réalisées par les infirmiers s'effectuent toujours individuellement au domicile du patient. À l'inverse, les séances organisées par les kinésithérapeutes ont lieu uniquement en groupe (maximum 10 patients).

• Combien de prestations sont remboursées ?

Pour être remboursées dans le cadre du prétrajet de soins, les prestations doivent être prescrites par le médecin traitant. Toutes prestations confondues, un maximum de 4 séances sont remboursées par an.

• Combien ça coûte ?

Rien. La séance individuelle coûte 22,52 euros et la séance de groupe 14,08 euros mais elles sont intégralement remboursées par la mutualité. Même s'il n'est pas conventionné, le prestataire qui donne des prestations d’éducation au diabète ne peut demander de supplément d'honoraires.