Inclusion

L'habileté au service du handicap

2 min.
© O. Papegnies Collectif HUMA
© O. Papegnies Collectif HUMA
Matthieu Cornélis

Matthieu Cornélis

Ses problèmes musculaires allaient le contraindre à abandonner le jardinage. Mais Gérard, jardiner, il aime ça ! Il s'est alors creusé les méninges pour trouver une astuce lui permettant de maintenir son activité potagère. Si, à 74 ans, il n'a toujours pas quitté ses lignes de salades, c'est grâce à la pince à jardiner qu'il a mise au point. Et pour une somme dérisoire ! Une barre de métal, un frein de vélo recyclé et le tour est joué ! "Grâce à cette pince, explique le bricoleur, je peux retirer les mauvaises herbes du sol, faire un petit trou pour y placer une graine et planter une ligne de 60 plants de chicorée sans me baisser !" Ce qui distingue son invention des autres ustensiles de ce type : la force exercée est beaucoup plus grande et deux positions différentes permettent de régler l'ouverture des étriers.

Ann souffre également d'une maladie des muscles. Elle aussi éprouve des difficultés pour se baisser. Mais qui va ramasser les œufs du poulailler ? Son mari a mis au point un ramasse-œufs qui lui permet de collecter ces derniers sans douleurs. Soit un manche à balai avec, à son extrémité, une conserve remplie d'ouate "pour éviter de faire une omelette trop tôt", précise-t-il. Rien de bien compliqué mais il fallait y penser. Une invention par ailleurs réalisée avec 100% de matériaux de récupération.

Yoeri, jeune polyhandicapé, se déplace en chaise et doit porter des lunettes. Le hic : des spasmes lui font régulièrement cogner la tête contre l'appuie-tête ; sa monture se place de travers et il est incapable de la remettre en place. Si bien qu'un jour, il décida de ne plus les porter. Il abandonna la vue et donc tout contact avec le monde extérieur. C'était sans compter sur l'ingéniosité de deux étudiants en ergothérapie de l'école Howest à Courtrai. Un masque de carnaval, un élastique, une monture et… hop : les lunettes de Yoeri retrouvent leur place initiale après avoir absorbé un choc.

Souriant, Iago arrive en voiturette à la remise des prix. L'enfant de cinq ans souffre d'amyotrophie spinale, une maladie dégénérative qui atrophie les muscles. Sa vie, il la passe dans sa voiturette, maintenu dans un corset car il ne peut ni marcher, ni se tenir assis, ni bouger les membres. Il ne peut compter que sur ses bras, sa tête… et sur son ingénieux papa qui invente des "trucs". Deux d'entre eux ont été primés par Handicap international. Le premier, une caméra de recul installée sur sa voiturette électrique, "lui facilite la vie et sauve mes orteils", explique son père à la réception du prix. Le second, un vélo-voiturette (une vieille chaise roulante couplée à un vélo), permet à Iago de ressentir toutes les sensations du sport. Après le ski et la natation, le voilà parti pour les 20 kilomètres de Bruxelles !

Des astuces qui changent la vie

Depuis 12 ans, Bricoleurs du coeur valorise des inventions réalisées dans l'ombre et qui aident les personnes handicapées. Handicap international les met en lumière pour en faire bénéficier le plus grand nombre. L'ASBL Solival, partenaire de la Mutualité chrétienne, collabore avec l'association pour sélectionner les projets les plus aboutis. Leurs critères ? "Les inventions doivent être faciles à réaliser, à utiliser, à nettoyer, ne peuvent aucunement être dangereuses et doivent pouvoir servir au plus grand nombre, explique Audrey Bernabeu, ergothérapeute. Le matériel médical est cher. Souvent, nos patients ont peu d'argent ou pas de subventions pour se procurer du matériel qui peut rendre leur vie plus confortable. Les réalisations des bricoleurs peuvent inspirer notre public…"
… et Solival ! Effectivement, l'ASBL observe attentivement les réalisations primées pour élaborer et faire connaître de nouveaux "systèmes D", soit des aides techniques réalisables par tout un chacun.

Pour en savoir plus ...