L'investissement "propre" : une notion relative

Depuis que les comptes d'épargne ne rapportent presque plus rien, les fonds d'investissement connaissent un succès croissant auprès des Belges. C'est notamment le cas des fonds dits ISR (Investissement socialement responsable) qui investissent dans des États ou des entreprises qui respectent la bonne gouvernance, l'environnement, les droits sociaux, l'éthique, etc. En Belgique, il en existait 330 fin 2016, relève d'abord Financité, une plateforme d'associations militant pour une finance propre et solidaire. Beaucoup de ces fonds sont accessibles aux petits épargnants, à la condition que ceux-ci acceptent un certain risque.

Financité a ensuite voulu savoir si ces fonds sont vraiment "responsables". La réponse est non.

Sept fonds sur dix, en effet, financent peu ou prou les activités d'entreprises ou d'États ne respectant pas les conventions internationales ratifiées par la Belgique.

Le constat est plutôt interpellant. En France, par exemple, l'investisseur peut compter, depuis quelques mois, sur un label garantissant la qualité éthique des fonds ISR. Ce n'est pas le cas en Belgique. La plateforme a ainsi découvert que certains fonds ISR commercialisés dans notre pays encouragent en réalité la fabrication d'armes à sous-munitions ou de missiles nucléaires, piétinent les droits sociaux des ouvriers brésiliens ou promeuvent la fraude fiscale au Panama.

Financité relève enfin que la masse financière disponible pour ces investissements réellement éthiques est en diminution depuis 2014. Pour ne pas en rester sur ces constats négatifs, Financité publie, avec La Libre Belgique, son huitième palmarès des fonds identifiés comme les environnement plus éthiques. La plateforme lance également un appel au gouverne- ment fédéral pour adopter rapidement un label ISR en Belgique. Mais aussi pour instaurer un système plus éthique d'épargne pension, où l'avantage fiscal serait lié au respect de critères sociaux et environnementaux.