Environnement

Vent de fraîcheur sur le Zwin

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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

Les ultimes finitions étant terminées (à la pelle mécanique tout de mê­me…), le Zwin vient tout juste de clôturer une phase de rénovation entamée il y a plus de trois ans. Le site, l'une des réserves naturelles les plus insolites du pays, retrouve peu à peu sa quiétude habituelle, propice à l'observation de milliers d'oiseaux, dont la plupart en halte migratoire pour se nourrir et reprendre des forces. 

Le visiteur qui aurait gommé le Zwin de ses destinations ces dernières années sera surpris à bien des égards. Primo, la réserve naturelle elle-mê­me a vu sa surface augmenter de 120 hectares (total : 333 hectares), essentiellement au profit d'un bras de mer prolongé et renforcé. Motivé par l'esprit des directives européennes dites "Natura 2000", cet aménagement de taille constitue un magnifique clin d'œil à l'Histoire. En effet, ce bras de mer est le reliquat de l'époque où les navires chargés de marchandises lointaines arrivaient sans encombre jusqu'à Bruges. Si la lagune s'était davantage ensablée (une menace devenue majeure au fil des ans), le site n'aurait pas seulement perdu sa mémoire et son âme, mais aussi son intérêt ornithologi­que. C'est que le va-et-vient journalier des marées – de même que les coups de boutoir des marées d'équinoxe – attirent là quantités de volatiles liés aux vasi­ères et d'espèces botaniques spécifiques.

Une nature plus libre

L'autre changement majeur est la disparition, dans le parc boisé, des multiples "volières à canards". Les propriétaires – la Région flamande et la Province de Flandre occidentale – ont jugé qu'elles n'étaient plus de notre époque. Aujourd'hui, l'approche de la nature est plus pédagogique, plus subtile, plus sensorielle qu'avec des oiseaux plus ou moins emprisonnés. De là, un nouveau parcours dans les bois où continuent à se singulariser les fameuses cigognes et leurs nids colossaux. Et où l'on notera, notamment, la présence d'un site de nourrissage étonnant où les oiseaux forestiers (mésanges, pics, sittelles….), bien que sauvages, se laissent observer à proximité immédiate derrière une vitre sans tain. Aux époques d'affluence touristique, les animateurs disséminés dans le parc invitent le public à diverses expériences originales, dont l'observation des migrateurs à la longue-vue. 

Le centre des visiteurs, campé dès l'entrée officielle, est l'un des intérêts phares de cette nouvelle approche pédagogique. Adulte ou enfant, on peut y passer de très longs moments à mieux comprendre – en touchant, en jouant, en expérimentant… – le monde mystérieux des prés salés et des oiseaux : la migration, la vue et l'ouïe, les techniques de vol et de chasse, les nids, etc. Bien qu'imparfait, l'effort de traduction en français est plutôt réussi, rendant toutes les animations très accessibles. 

Un rempart plus solide

Retour à l'extérieur. D'une façon assez stupéfiante, une partie de la digue dite "internationale" a été carrément déplacée. Mais aussi consolidée (pour faire face aux prévisions d'événements climatiques extrêmes) et complétée par des connexions équestres et cyclistes plus aisées vers les Pays-Bas voisins. Chacun se fera son opinion sur l'incrustation d'un bunker de béton dans la partie belge de cette digue. Comme d'autres postes d'observation, il fournit une vue panoramique sur les dunes et les "slikkes" (vasières immergées deux fois par jour par la marée). 

La disparition de la "Villa royale" décevra (scandalisera ?) les nostalgiques du bâti historique de la dynastie bel­ge. Autre regret, plus pratico-pratique : le jour de notre visite, pourtant peu chargé, la longue file à l'entrée exigeait des trésors de patience aux familles candidates à la découverte. Une affaire de rodage, sans doute. 

Pour en savoir plus ...

Parmi les prochaines activités thématiques au Zwin, les "journées des oiseaux migrateurs" (11 et 12 mai) et le "week-end des abeilles" (1er et 2 juin), inclues dans le prix d'entrée. 

Infos : www.zwin.be ou 050/60.70.86. Pour la taverne : 0475/83.96.72. 

En dépit d'un parking automobile de 200 places, les gestionnaires conseillent de se rendre au Zwin à vélo.