Droits des patients

Un chocolat au goût désagréable

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© Daniel Rosenthal Laif - Reporters
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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

L'année dernière, les plantations de cacao du Ghana et de la Côte d'Ivoire, parmi les plus gros exportateurs du monde, ont eu recours à 21% d'enfants supplémentaires par rapport à 2009. Un problème ? Oui, car il ne s'agit pas, ici, d'enfants gagnant de l'argent de poche après l'école ou fournissant une aide pécuniaire à leurs parents. Mais bien d'enfants prenant régulièrement des risques lourds condamnés par les conventions internationales : travail à la machette, charges très lourdes, etc.

Dans certains cas (Côte d'Ivoire), il s'agit même, selon une étude récente de l'Université de Tulane (Etats-Unis), d'enfants maliens ou burkinabés vendus comme esclaves… Or le taux d'enfants travaillant en cacaoculture est, au contraire, censé diminuer de 70% à l'horizon 2020 selon les termes d'un protocole signé par l'industrie en 2001.

L'explication vient essentiellement du fait que la profession de cacaoculteur ne fait plus vivre son homme. "Voice", un consortium de huit ONG, estime que le revenu d'un cultivateur ivoirien devrait quadrupler pour atteindre le seuil de pauvreté (2$ par jour). Même la prime payée pour le chocolat équitable(1), certes utile, ne parvient pas à assurer un revenu suffisant. Bien qu'en forte hausse depuis cinq ans, la part du chocolat durable n'atteint que 15% du marché mondial.

Les pays et filières concernés sont généralement bien conscients du problème des enfants et élaborent divers plans d'action. Mais, à l'occasion de la Semaine du commerce équitable (qui vient de se clôturer), le Fair Trade Center (Aide belge au développement) a tapé sur le clou : l'avenir du cacao ne passe pas seulement par l'amélioration de la productivité et des infrastructures, mais aussi par le rééquilibrage des relations de pouvoir tout au long de la chaîne de production…