Migrants : désespoir et plaies ouvertes

Les camions sur le chemin des ferries étaient leur moyen de transport privilégié. Désormais, c'est dans l'Eurotunnel que les migrants tentent de se faufiler pour rejoindre le Royaume- Uni. Par la route ou par le rail, les risques sont conséquents. Les accidents sont fréquents et coûtent parfois la vie à ceux qui tentent l'échappée.

"La situation s'est considérablement dégradée, explique Chloé Lorieux, employée de Médecins du Monde à Calais, précisant que le 30 juillet la moitié de leurs patients s'étaient gravement blessés après être tombés d'un train ou d'un camion. "L'année dernière, il y a eu une quinzaine de morts autour de Calais, ajoute Jean-François Corty, directeur des opérations-France. […] Depuis le début du mois de juin, on en est déjà à dix morts". Actuellement, 3.000 migrants vivent dans le camp. Des repas sont prévus pour 1.000 à 1.500 personnes, évalue l'ONG. L'infirmerie "officielle" est tenue deux heures par jour par une infirmière seule. Pour "pallier l'absence de réponses des autorités", Médecins du Monde a démarré un programme d'urgence le 30 juin : 25 personnes (médecins, psychologues, traducteurs…) s'investissent dans un poste de santé installé dans le camp.

Si des associations agissent sur le terrain, il faut remarquer aussi la solidarité des Calaisiens eux-mêmes. En contact avec les réfugiés, nombreux font preuve de compassion et manifestent une volonté farouche de rendre moins insupportables leurs conditions de vie. L'un gare quotidiennement son groupe-électrogène dans le camp pour permettre de recharger les téléphones portables des candidats à l'exil, l'autre distribue volontiers les invendus de son magasin, des cours d'anglais sont donnés régulièrement…

Bref, citoyens et associations s'impliquent. Reste que Médecins du Monde appelle les autorités à "travailler urgemment à des solutions structurelles". Un fameux défi alors que se négocient la hauteur des murs et le nombre de gendarmes nécessaires à la gestion de la situation…