Economie

Un écho rayonnant du Burundi

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© DUET's
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Philippe Lamotte

Philippe Lamotte

Un président qui s'incruste au pouvoir, malgré les désapprobations internationales et jusque dans son propre camp. Des manifestants qui s'insurgent et qui, pour certains, le paient de leur vie sous les balles de la police. Près de 100.000 réfugiés en Tanzanie et au Rwanda. Depuis plusieurs semaines, la situation politique au Burundi est plus qu'inquiétante.

C'est donc un fantastique message d'espoir qu'incarne Adisco (1), lauréate toute fraîche du Prix Roi Baudouin 2014-2015 pour le développement en Afrique. Partenaire de Solidarité mondiale (l'ONG d'aide au développement du Mouvement ouvrier chrétien) et de la Mutualité chrétienne, cette association a réussi à développer au Burundi, en une dizaine d'années à peine, une série d'initiatives qui laissent rêveur.

Au départ, une conviction. Celle du fondateur de l'association, Deogratias Niyonkuru, vieux briscard du développement en Afrique centrale : "Plus que sa pauvreté intrinsèque, c'est le fatalisme et la perte de confiance en soi qui mine l'agriculteur." À partir de là, tournant le dos aux solutions plus conventionnelles (le microcrédit, l'assistance alimentaire d'urgence, le recours aux experts extérieurs...), l'homme parvient à installer une dynamique basée sur des "groupes d'autopromotion et de solidarité". Composés d'individus issus du cru local, mais reconnus par leurs communautés respectives, ces "IGG" (en langue kirundi) ont progressivement réussi à tisser un réseau de coopératives, de mutuelles de santé, mais aussi d'organes de formation aux emplois non-agricoles (technique, commerce...) touchant aujourd'hui plus de 120.000 personnes, en ville comme à la campagne. À côté de ce travail de très grande proximité, Adisco pratique également le lobbying sur les autorités de son pays, notamment contre la privatisation de la filière du café et contre l'emprise des entreprises chinoises.

Autre singularité revendiquée par Deogratias Niyonkuru : tous les fonds de l'association sont 100% locaux, malgré le dénuement initial de ses milliers de participants. Nul doute que les 200.000 euros du prix Roi Baudouin, une manne considérable venue cette fois de l'extérieur, feront l'objet d'un processus d'affectation participatif, porté et animé par les paysans et coopérateurs eux-mêmes.