Vie professionnelle

Aide soignant : prendre soin des autres... et de soi

5 min.
© Le CID
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Mathieu Stassart

Mathieu Stassart

"Durant mes études de coiffure, ma mère est tombée gravement malade, explique Stéphanie, 22 ans. Elle est restée longtemps à l'hôpital et je me suis énormément occupée d'elle. Ça a agi sur moi comme un déclic. J'ai pris conscience de mon désir de devenir aide-soignante. J'ai terminé mes études de coiffure puis, en septembre dernier, j'ai commencé à suivre des études d'aide-soignante au Collège Saint-Louis de Waremme. Mais le système scolaire ne me convenait pas. Une amie m'a renseigné la 'préparation' paramédicale de l'ASBL Mode d'emploi. J'ai lâché l'école pour m'y inscrire." 

L'ASBL Mode d'emploi propose une préparation aux formations qualifiantes du secteur paramédical. Protégés, ces métiers nécessitent d'obtenir un diplôme. La "préparation" a pour but d'augmenter les chances de réussite. Stéphanie semble y avoir trouvé une structure et un accompagnement taillés pour elle. "Au collège, j'étais tout le temps en échec. Je n'arrivais pas à faire quoique ce soit. Ici, je parviens à mieux comprendre des choses. La relation avec les formateurs est particulière. Ils vont plus loin que dans le système scolaire habituel. Ils nous accompagnent vraiment sur ce chemin". Grâce aux partenariats noués entre l'ASBL Mode d'emploi et plusieurs écoles de promotion sociale, Stéphanie bénéficiera d'une priorité lors de l'inscription à une formation d'aide-soignante. À condition, bien sûr, d'avoir réussi les tests de fin de cette préparation. Avec, pour elle, une assurance retrouvée dans sa capacité à suivre des études.

Retrouver la confiance

Portée par Vie Féminine, l'ASBL Mode d'emploi dispose de sept centres en Wallonie. Leur accès est réservé aux femmes. Ces centres accueillent un public très varié : "Un public multiculturel et multigénérationnel, mais traversé par des problématiques communes, avec des fragilités d'ordre psychosocial", exprime Sandrine De Ridder, coordinatrice régionale en Brabant wallon.

Via son offre de formations, l'ASBL Mode d'emploi travaille sur trois axes : la confiance en soi, les apprentissages qui manquent et l'aboutissement pratico-pratique.

Ici, comme le fait Stéphanie, on peut notamment suivre une préparation aux formations qualifiantes du secteur médical. Se faire confiance, voilà le conseil donné par l'ASBL Mode d'Emploi aux femmes désireuses de franchir le pas. "Elles n'ont rien à perdre à tenter l'expérience, insiste Sandrine De Ridder. Via l'accès aux formations, nous leur proposons une remise progressive à l'emploi, avec des horaires de formation adaptés à leur vie. Tout ceci dans un cadre bienveillant."

En effet, l'ASBL Mode d'emploi insiste sur la déculpabilisation des femmes par rapport à leur parcours de vie. Leur situation, leur explique-t-on, n'est pas qu'une question de responsabilité individuelle. On y développe la solidarité, le respect mutuel et l'égalité.

Une formation adaptée

Sabrina a 38 ans. Par l'entremise de l'ASBL Le CID, elle a, elle aussi, repris une formation d'aide-soignante. Elle explique son parcours : "J'ai fait des études d'éducatrice. À l'époque, ce diplôme ne donnait pas accès à un emploi en maison de repos. J'ai ensuite exercé une série de métiers : caissière etc. Puis j'ai découvert l'ASBL Le CID, qui proposait la formation d'aide-soignante. Cela m'a donné l'occasion d'expérimenter ce métier et d'enfin travailler auprès des personnes âgées, comme je l'avais toujours désiré. Ce fut un coup de cœur !" Cette formation se déroule en 18 mois. Elle est validée par l'Institut Don Bosco, une école de promotion sociale située à Verviers, et donne accès au titre reconnu d'aide-soignant. L'apprentissage se partage entre cours théoriques, pratiques et périodes de stage en maison de repos et en milieu hospitalier.

"Le coût de la formation est entièrement pris en charge par l'ASBL, déclare la future aide-soignante. C'est un bel avantage. Puis, nous sommes très bien encadrés. On se sent guidés du début de la formation à l'obtention du diplôme. Le métier d'aide-soignante, je le trouve très gratifiant. C'est un métier qu'on fait avec le cœur. Et l'ASBL nous donne toutes les cartes en main pour réussir. Elle tient compte de nos parcours de vie. En participant, par exemple, aux frais de garderie pour les enfants."

L'ASBL Le CID prend racine en terres verviétoises. Elle poursuit plusieurs objectifs : apporter des compétences sociales et professionnelles supplémentaires, favoriser l'autonomie professionnelle et sociale et permettre à des personnes faiblement qualifiées d'avoir accès à des formations de qualité. L'ASBL accueille elle aussi des individus qui font face à d'importantes difficultés scolaires. "Ces personnes ont souvent en commun une image identitaire très entamée, voire complètement détruite, précise Françoise Defraiture, directrice. Au sein de notre structure, un accompagnant a pour fonction de veiller aux difficultés sociales des stagiaires. Le but, c'est de prévenir l'abandon causé par des difficultés extérieures à la formation. Car il est essentiel de maintenir tous les stagiaires dans le circuit, même si le temps d'apprentissage est plus long que prévu. Notre objectif : amener de nouvelles compétences, pas des freins supplémentaires" 

Sur les planches

Cette année, le CID a proposé un projet d'un genre nouveau, au sein de son cursus d'aide-soignant. Encadrés par leur formatrice Anne Lejeune, les élèves ont créé une pièce de théâtre basée sur leur vécu de stagiaire. Jouée en mai au salon de l'Insertion socioprofessionnelle, la pièce rassemblait quelques scènes de vie en milieu de soin. Non sans humour, les apprentis comédiens ont livré un regard critique sur leur futur environnement de travail. "La pratique théâtrale est transversale avec les autres modes d'apprentissage, explique Karene Malveaux, également formatrice en Théâtre, à l'ASBL Mode d'emploi. Ce travail sur l'esprit et le corps permet le dépassement des angoisses et de la timidité. Les participants apprennent à mieux se connaître. Ils font évoluer leur vision d'eux-mêmes et de ce dont ils sont capables. Par le processus de la création, ces personnes qui subissent le système développent un imaginaire, s'ouvrent des possibilités mentales. Ils sortent des cases dans lesquelles ils étaient enfermés."

Première expérience réussie, pour un module désormais intégré aux deux années de formation.

Les CISP, ce sont…

  • Près de 160 opérateurs de formation agréés en Wallonie, constitués en ASBL ou en services de CPAS.
  • 16.000 stagiaires formés chaque année.
  • 400 filières de formation (bâtiment, services à domicile, vente, informatique, techniques audiovisuelles, protection de l'environnement, etc.).
  • 5.5 millions d'heures de formation agréées par an. 

Les CISP, c'est pour qui ?

  • Un public adulte, plus soumis à l'obligation scolaire.
  • Les demandeurs d'emploi inscrits au Forem et peu scolarisés (possédant au maximum le certificat d'enseignement secondaire du deuxième degré (CESDD).
  • Les demandeurs d'emploi inoccupés depuis au moins 18 mois et dans les 24 mois qui précèdent la formation.
  • D'autres situations assimilées (travailleurs en incapacité de travail, personnes handicapées, personnes incarcérées, personnes d'origine étrangère peu scolarisée…).
  • Des dérogations sont possibles pour les détenteurs du certificat de l'enseignement secondaire supérieur (CESS).

Les Centres d'insertion socioprofessionnelle, c'est quoi ?

Les Centres d'insertion socioprofessionnelle (CISP) dirigent leurs actions vers des adultes peu scolarisés et sans emploi.

Quelles formations ?

Les CISP fournissent trois grands types de formation. L'orientation professionnelle offre au stagiaire des clefs pour définir ou affiner son futur projet professionnel et personnel. La formation de base fournit des compétences utiles à l'insertion professionnelle, sans être liées à un métier déterminé. On y retrouve par exemple des cours d'alphabétisation, de remise à niveau, etc. La formation professionnalisante, enfin, prépare le stagiaire à l'exercice d'un métier déterminé. Les secteurs d'activité couverts sont nombreux.

Quel accompagnement ?

Les CISP accordent une attention particulière à l'accompagnement des apprenants. Lors des formations, sont développées à la fois des compétences de base et plus spécifiques à un métier en particulier. Par ailleurs, l'accent est mis sur les compétences transversales liées à la vie professionnelle. Comment s'adapter à la culture de l'entreprise, fournir un investissement dans sa fonction et au sein de son équipe, etc. ? Au-delà du cadre professionnel, les CISP fonctionnent un peu comme une école de la vie. On y nourrit l'esprit critique et la confiance en soi. On apprend aussi à devenir des citoyens responsables et solidaires, avec un regard plus affiné sur le monde. Toutes ces apports ont un but : aider à se sentir mieux dans toutes les dimensions de la vie. Les CISP sont représentés par cinq fédérations, regroupées au sein d'une coupole nommée Interfédé.

Plus d'infos : 081/74.32.00 • www.interfede.be

Pour en savoir plus ...

ASBL Mode d'Emploi : 02/227.13.07 

www.modedemploiasbl.be 

ASBL Le CID : 087/35.37.33 

www.cidasbl.be