Droits sociaux

Bientôt les 36 heures chez Auto 5 ?

2 min.
Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Les 52 centres Auto 5 occupent, sur le territoire belge (hors franchises), quelque 550 travailleurs dont près de 200 ouvriers et 350 employés. À l'exception d’une dizaine de temps partiel, tous sont à temps plein (ou en crédit-temps). Mais si la plupart prestent 38h semaine, les "anciens", engagés avant 1992 – au moment de la filialisation des Auto 5 par le groupe belge GB – ont un horaire de 36h semaine.

"L'entreprise française Norauto qui a racheté Auto 5 en 2000 voulait porter le temps de travail à 38 heures pour tous. Elle exigeait aussi plus de flexibilité pour faire face, notamment, aux surcharges de travail durant certaines périodes", explique Patrick Hellin, délégué CNE (CSC) chez Auto 5. Les syndicats revendiquaient, au contraire, d'harmoniser la durée du travail à 36 heures.

"En 2014, pour éviter le chômage économique, les fermetures ou franchises de certains centres, nous avons proposé à la direction de tester dans quelques magasins des formules de réduction collective du temps de travail à 36 heures/semaine, et ce sans perte de salaire, explique P. Hellin. En échange, on a accepté l'introduction d'horaires variables et le fait de pouvoir être appelé en renfort deux jours à l’avance pour des prestations extraordinaires. Tout cela a fait l'objet de négociations".

Concrètement, depuis près d'un an, les employés et ouvriers de 11 centres Auto 5 expérimentent des formules variées : 4 jours de 9 heures, 5 jours de 8 heures en alternance avec 4 jours de 8 heures, 4 jours de 8 heures et 1 jour de 4 heures… "Les travailleurs prestent de longues journées mais ils bénéficient de jours de congé supplémentaires, ce dont ils étaient demandeurs", mentionne Patrick Hellin.

Autre acquis important : la diminution du temps de travail s'est faite sans perte de salaire. Et le salaire des travailleurs à temps partiel a été augmenté conformément. Quant aux effets sur l'emploi, ils sont actuellement difficiles à chiffrer.

"On a créé 40 emplois mais sur l'ensemble des centres de l’enseigne, précise Joëlle Degrox, DRH chez Auto 5. L'instauration d'horaires flexibles nous a permis de répondre davantage aux demandes de la clientèle surtout en fin de journée et ainsi de contribuer au développement de l’activité".

Le bilan est donc globalement positif et la satisfaction de mise, même s'il n'y a pas unanimité sur les bancs syndicaux. Un projet d'accord est sur la table, qui généralise les 36 heures à tout le personnel et redéfinit toute une série de dispositions.

"Certains points stratégiques doivent encore être discutés mais nous espérons aboutir à un accord équilibré avec les cinq délégations syndicales", confie Joëlle Degrox.

Du côté de la CSC, on est confiant et fier d'avoir pu avancer sur ce terrain. On se félicite aussi d'avoir pu présenter à la direction des arguments financiers.

Ainsi, si l'accord est entériné, l'entreprise pourra bénéficier de réductions de cotisations sociales durant trois années, qui vont compenser la réduction sans perte de salaire, via la loi Vande Lanotte-Di Rupo.

Au début des années 2000, la coalition "arc-en-ciel" avait en effet instauré des mesures pour inciter à la RTT en deçà de 38 heures/semaine ou à l'instauration de la semaine de quatre jours. Une loi sans doute trop peu connue.