Vie professionnelle

Dans le lac, avant d'obtenir un premier emploi

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© Leyla Vidal BELPRESS
© Leyla Vidal BELPRESS
Catherine Daloze

Catherine Daloze

Ce 1er septembre, entre en vigueur une mesure qui limite l'accès aux allocations d'insertion (connues par le passé sous le nom d'allocations d'attente). Sans diplôme du secondaire ou de la formation en alternance, un jeune entre 18 et 21 ans ne pourra plus prétendre à ces allocations.

À lire le Collectif solidarités contre l'exclusion, on perçoit une tendance très inquiétante pour les jeunes. En 2012, première vague : le stage d'insertion (anciennement stage d'attente) passe de neuf à douze mois. Ceci allonge d'autant la période pendant laquelle un jeune qui a terminé ses études et n'a pas encore trouvé de boulot ne bénéficie d'aucune allocation. Parallèlement, ces allocations d'insertion sont dorénavant limitées dans le temps (36 mois). Seconde vague, en 2013 : le gouvernement Di Rupo assortit les stages d'insertion de contrôles réguliers. Objectif ? Établir si le jeune fournit des efforts suffisants pour trouver un emploi. Une évaluation négative prolonge de six mois le stage.

Troisième vague avec le gouvernement Michel : depuis janvier 2015, un jeune doit avoir terminé son stage d'insertion avant son 25e anniversaire pour bénéficier d'allocations d'insertion. D'aucuns se souviendront peut-être du témoignage d'une étudiante de 24 ans qui n’aura pas droit aux allocations d’insertion parce qu'elle est née trois mois trop tôt… et parce qu'elle a complété son diplôme en art dramatique de deux années complémentaire en mise en scène. "(…) Comme je suis dans un secteur difficile pour l’emploi, j’ai voulu acquérir des compétences supplémentaires et j’ai obtenu un diplôme à l’étranger, expliquait-elle dans le quotidien La Libre, le 16 juillet dernier. On ne cesse de nous dire qu’il faut se former. Et moi qui ai répondu positivement à cette injonction, je me retrouve sans rien".

Aujourd'hui, vient s'ajouter la mesure relative aux non diplômés du secondaire. Les jeunes CSC dénoncent cette sombre rentrée pour quelque 16.000 jeunes, avec l'exclusion des jeunes de moins de 21 ans sans diplôme et l'exclusion des jeunes qui sortent des études après 24 ans. Le Conseil de la jeunesse parle d'une "hécatombe qui continue". "Quel message le gouvernement envoie-t-il ?", interroge Ludovic Voet, des Jeunes CSC, alors que trouver un emploi stable n'est pas évident. Et d'insister : "Les allocations d'insertion sont un filet de protection sociale à protéger". On connait par ailleurs le risque de voir gonfler d'autant les demandes d'aide aux CPAS, déjà exsangues.