Vie professionnelle

Le stage de transition en entreprise

3 min.
© M Houet - Belpress
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Joëlle Delvaux

Joëlle Delvaux

Peut effectuer un stage de transition le jeune qui remplit plusieurs conditions :

  • être inscrit comme demandeur d’emploi inoccupé auprès du service de l'emploi (Forem, Actiris, ADG ou VDAB),
  • s'il habite en Wallonie ou en Région bruxelloise, avoir au maximum un diplôme ou certificat d'enseignement secondaire supérieur (CESS) (1),
  • être en stage d'insertion professionnelle (2),
  • avoir toujours collaboré de manière positive aux actions d'accompagnement du service de l'emploi (cette condition n’est pas d’application en Région bruxelloise).

Le stage de transition peut être effectué dans une entreprise du secteur privé, une ASBL ou au sein d’un service public et ce, pour une période de 3 à 6 mois (3). Il se déroule à temps plein (formation éventuelle comprise). La moitié du stage peut se dérouler en dehors de l'entreprise dans un projet de formation ou d'accompagnement.

Quelles démarches ?

Il n’est pas possible de postuler directement pour un stage de transition. Le jeune intéressé par cette expérience doit prendre contact avec son conseiller au service de l'emploi. En effet, c'est ce service qui fait correspondre les besoins des employeurs (qui ont manifesté leur souhait d’accueillir un stagiaire) avec les compétences des jeunes, et qui sélectionne les candidats.

S'il habite en Flandre ou en Wallonie, le jeune peut entamer son stage de transition au plus tôt après le 6e mois de son stage d’insertion professionnelle et au plus tard le dernier jour de celui-ci.

S'il habite en Région bruxelloise, c'est après le 3e mois qu'il peut le faire. Avant de débuter le stage, une convention doit être conclue entre l’employeur, le jeune et le service pour l’emploi.

Quelle rémunération ?

Pendant le stage de transition, le jeune perçoit de l’employeur une indemnité de 200 euros bruts (177,78 euros nets). Attention toutefois : le montant est calculé en fonction des heures de présence effective dans l’entreprise.

À cette indemnité s'ajoute une allocation de 26,82 euros par jour (697,32 euros pour un mois complet). Celle-ci est versée au jeune stagiaire par l’Onem via son organisme de paiement (syndicat ou Capac).

Dès le moment où le stage d’insertion professionnelle prend fin, le jeune qui a charge de famille ou qui a moins 21 ans et est isolé, voit ce montant majoré pour atteindre celui de l'allocation d’insertion.

Et après ?

L’employeur n’a aucune obligation d’engager le jeune à la fin de son stage de transition.


Des emplois bradés ?

Le stage de transition a été instauré par le gouvernement Di Rupo pour diminuer le chômage des jeunes. 6e Réforme de l'État oblige, cette mesure relève de la compétence des Régions depuis le 1er juillet 2014. D'où des dispositions différentes, ce qui ne facilite pas les choses.

De l'avis des Jeunes CSC, ce dispositif est taillé sur mesure pour les employeurs qui bénéficient ainsi d’une main d’œuvre à temps plein quasi-gratuite qu'ils peuvent renouveler à leur guise puisqu'il n'y a pas d’obligation d’embauche après le stage.

"Ces stages remplacent des contrats de travail en bonne et due forme. Ils représentent une concurrence frontale tant pour les travailleurs en place que pour les demandeurs d'emploi, précise Ludovic Voet, responsable des Jeunes CSC. Cette mesure coûte cher à la collectivité alors qu'elle n'est assortie d'aucune exigence d'embauche ni de création d'emplois. Au contraire, dans certains secteurs – y compris dans les services publics – de vrais emplois sont supprimés au profit de stages".

Quant au jeune stagiaire, il touche un revenu bien inférieur au salaire minimum garanti. Et sa période de stage ne lui ouvre pas de droits sociaux ni ne compte pour sa pension. Par ailleurs, s'il est remercié avant la fin du stage, le jeune risque d'être sanctionné durant son parcours d'insertion…

En définitive, le stage de transition est-il réellement un tremplin vers l'emploi ? La seule évaluation de la mesure, réalisée en Région bruxelloise, ne permet pas de l'assurer: six mois après leur stage d'insertion professionnelle, l'occupation sous contrat de travail serait de 10% supérieure chez les jeunes qui ont bénéficié d'un stage par rapport aux autres. Pas de quoi pavoiser donc.

Pour en savoir plus ...

>> Plus d'infos auprès des services de l'emploi ou sur le site Internet de l'Onem (www.onem.be).