Le malaise des ados : répondre et prévenir
Lors de la crise sanitaire, les ados ont été privés du groupe, facteur majeur de développement et d’apprentissage. Constats 4 ans après.
5 min.
Vivre ensemble
Le 14 octobre prochain, nous élirons nos mandataires communaux et provinciaux pour six ans. Ceux-ci seront appelés à gérer les matières les plus proches de notre vie quotidienne : routes, écoles, garderies, propreté, sécurité, etc. Conquis de haute lutte, le vote est obligatoire dans notre pays. Oui, mais… Pour que chaque citoyen puisse vraiment peser sur les matières gérées par les élus, encore faut-il que les élections soient pleinement accessibles à tous les publics. Physiquement, culturellement, intellectuellement, etc… Tout n'est pas parfait, mais des efforts conséquents sont fournis pour tendre vers cet idéal. Tour d'horizon avec En Marche.
Les élections d'octobre verront des milliers de jeunes voter pour la première fois. Pour les accompagner, le réseau Infor Jeunes a édité la brochure "Je vote : mode d'emploi". Claire, très complète et bien adaptée au public visé, elle a pour objectif d'"aider les jeunes à donner du sens à l'acte de voter", comme l'explique Adeline Dujardin, chargée de communication à la Fédération Infor Jeunes. D'autant plus que "peu de médias traitent de la politique sous un angle et dans un langage adaptés aux jeunes". La brochure est aussi idéale pour les gens moins jeunes, qui souhaiteraient se rafraichir la mémoire avant de se rendre aux urnes.
Sur www.elections.inforjeunes.be, enseignants et professionnels de la jeunesse trouveront des outils pédagogiques pour exploiter cette brochure. En parallèle, Infor Jeunes propose des animations en classe (ou dans des organisations). Exemples : un bureau de vote permet des simulations ; un jeu de rôles intitulé "Citoyen toi-même" invite les jeunes à se mettre dans la peau de conseillers communaux et à émettre des propositions ; l'animation "Moi et la politique" convie les jeunes à se placer à gauche ou à droite d'une ligne tracée au sol, selon qu'ils sont pour ou contre les idées partagées. Après une discussion, chacun peut "changer de côté". Enfin, dans l’approche "On vote, oui, mais après ?", les animateurs présentent les moyens pour interpeller les élus.
À Infor Jeunes Namur, on a déjà commencé à réaliser des animations. Les premiers constats ? Des lacunes dans la connaissance des aspects pratiques du vote. Certains participants ne savaient pas qu'ils allaient recevoir une convocation par la poste. Au niveau de l’isoloir, d'autres ont trouvé étrange de se retrouver seul à devoir réaliser un choix sans aide ou conseil des amis. Environ 80% des participants sont de prime abord intéressés par l’expérience des élections. Et la majorité trouve "sympa" de participer à un événement à caractère officiel et qui a un impact sur leur vie de tous les jours.
Malade ? À l'étranger ? La procuration !
Malade ? En vacances hors des frontières ? Coincé à son poste de travail ? Il y a des solutions.Dans ce genre d'indisponibilité, vous pouvez faire appel à une personne de confiance qui se rendra au bureau de vote à votre place. Pour cela, il faut disposer d'un certificat médical ou d'une attestation expliquant les raisons de votre indisponibilité (1). Le formulaire nécessaire est dispônible en ligne ou à la commune.En Région bruxelloise, le scrutin d'octobre sera électronique. En Wallonie, sous forme papier.Le détail des modalités (particulièrement en cas de séjour privé à l'étranger) est sur http://electionslocales.wallonie.be/ ou https://elections2018.brussels
Le nombre de personnes en difficulté de lecture et d'écriture reste très élevé en Belgique. De ce fait, les déplacements, démarches, courses, contacts avec l'école, consultations médicales… leur sont bien souvent difficiles. Mais voter aussi ! "Un électeur sur 10 est en difficulté de lecture et d'écriture. Mais ce n'est pas parce qu'on ne sait pas lire qu'on n'a rien à dire", martèle l'ASBL Lire et écrire.
"Pour les associations actives dans l'alphabétisation, les élections communales sont l'occasion d'aider les apprenants à comprendre les enjeux démocratiques et à développer leur participation citoyenne", explique Cécilia Locmant, coordinatrice de projets à Lire et écrire Communauté française. "Les publics analphabètes sont très éloignés des canaux d'information habituels et se sentent bien souvent exclus de la société à cause de cela, ajoute Aurélie Akerman, sa collègue à Bruxelles. Le monde de l'écrit ne leur parle pas, ni la TV, ni la radio". Olivier Balzat, coordinateur au Collectif Alpha à St-Gilles complète : "Dans les cours d'alphabétisation, les formateurs travaillent sur des choses concrètes ; ils vulgarisent les informations et impliquent activement les apprenants dans les sujets de discussion qui les concernent".
Sur le terrain, la sensibilisation aux enjeux des élections communales a débuté au printemps dernier. "Les apprenants étaient ravis d'y voir plus clair. Ils ont pu se rendre compte des impacts concrets de l'échelon communal sur la vie quotidienne. Certains ont découvert ce qu'est la démocratie et le rôle actif qu'ils peuvent y jouer", explique Aurélie Akerman. Des dynamiques se sont engagées : comparaisons de programmes politiques, envois de courriers indéchiffrables aux candidats pour les sensibiliser à l'illettrisme, débats, simulations de vote, etc.
Quid en Région bruxelloise, avec le vote électronique ? S’agit-il d’un obstacle en plus ? Cécilia Locmant relativise : "Les apprenants les plus jeunes sont plus familiarisés à l'outil informatique que leurs aînés. Que le crayon soit rouge ou électronique, il importe surtout que les électeurs puissent, sans honte ni gêne, demander – et obtenir – l'aide d'un assesseur pour voter valablement".
>> Plus d'infos : www.lire-et-ecrire.be • www.cdoc-alpha.be (outils pédagogiques)
// Joëlle Delvaux
En Marche : L'obligation de vote en Belgique est-elle une singularité ?
Min Reuchamps : Sans aucun doute. Seuls une vingtaine de pays dans le monde la pratiquent sous une forme ou une autre, dont notre voisin luxembourgeois. Le débat sur le maintien de cette obligation n'est pas propre à la Belgique. Dans les pays où le vote est facultatif, c'est d'ailleurs l'inverse qui se produit : on s'y demande régulièrement s'il ne faut pas en revenir à un système comme le nôtre. Qui, globalement, voit 90% des électeurs voter effectivement, soit un score titanesque par rapport aux pays où le vote n'est pas obligatoire. Dans ces derniers, seulement 50 à 60% des électeurs, voire moins, s'expriment, ce qui reflète moins bien les aspirations du peuple dans son ensemble. Cela dit, chez nous, certains partis (plutôt à gauche) savent très bien que l'abandon du vote obligatoire se ferait plutôt à leur désavantage.
EM : En Belgique, le vote est obligatoire, mais... ne pas voter est rarement puni. Paradoxal ?
MR : Les sanctions sur papier existent toujours. Il suffirait qu'un Procureur du Roi fasse un peu de zèle et décide de lancer des poursuites pour que les électeurs de certaines zones se retrouvent en mauvaise posture. Mais bon... le climat n'est pas à cela. Cela dit, on a tendance à oublier qu'il n'y a pas que les amendes. Pour certains emplois dans la fonction publique, le postulant doit faire la preuve qu'il dispose de ses droits d'électeur. Or un citoyen qui n'est pas allé voter lors de trois scrutins consécutifs sur dix ans pourrait se voir privé de ces droits ; donc, pas d'emploi ! Autre aspect : l'habitude de ne pas aller voter s'acquiert très vite. Un jeune Belge qui rate son premier rendez-vous électoral a très peu de chance de retourner dans l'isoloir lors des scrutins suivants. Un enjeu démocratique important…
EM : Estimez-vous suffisants les efforts des pouvoirs publics incitant les électeurs à ne pas échapper à leurs obligations électorales (certificats médicaux, etc.) ?
MR : Difficile d'avoir un avis scientifique sur la question. Les efforts pour encourager le vote chez les primovotants – notamment dans les écoles – ne datent pas d'hier. Cette inscription dans la "culture" sociétale et scolaire est à saluer. L'encouragement des personnes malades, handicapées et des personnes âgées est lui plus récent et s'inscrit dans le contexte du vieillissement de la population. Certains partis et candidats connaissent bien leur électorat et savent que celui-ci leur est attaché par tradition et fidélité. Il est donc logique qu'ils accentuent leurs efforts pour éviter la multiplication des défections des plus âgées.
EM : Y-a-t-il encore des stratégies d'influence du vote des populations plus fragiles, comme la mobilisation de sympathisants politiques pour faire du ramassage à domicile d'électeurs peu mobiles ?
MR : Cela existe, mais c'est peut-être devenu moins fréquent. La difficulté est de situer la limite de ce qui est acceptable ou non. Ainsi, si une personne âgée accepte de monter à bord de ces "taxis informels", c'est souvent parce qu'elle connaît déjà le candidat ou son proche. Son vote n'a pas nécessairement été influencé. Peut-être facilité... D'une manière générale, les gens étant très attachés à la confidentialité de leur choix, les candidats savent très bien qu'ils ne peuvent pas aller trop loin. Et puis les présidents de bureaux de vote et les assesseurs sont généralement très sensibles à ce que rien ne vienne perturber ou influencer les électeurs plus fragiles ou indécis.
// Philippe Lamotte
La protection de vos données personnelles nous tient à coeur.